Oiseaulogie—Le grassouillet petit frère

Une lectrice extra me demande de parler du petit frère de l’Arctique. Évidemment, cela devient la priorité absolue. Fratercula Arctica « petit frère de l’Arctique » est de la famille des Alcidés, la famille des pingouins. Il ne faut jamais rater une occasion de répéter que les manchots vivent au Pôle Sud, et les pingouins au Pôle Nord. C’est pour moi le plus bel oiseau du Nord.

Bon, il ne faudrait pas que je répète cela devant mon ami Alcide Torda, un petit pingouin particulièrement soigneux de sa personne, et dont j’ai déjà parlé ici. Le macareux moine est particulièrement sympathique avec sa bouille de clown et ses mimiques élaborées.

Comme ils vivent en colonie très dense et très bruyante, les signaux vocaux sont très peu utiles. Ils ont donc développé tout un système de signes et d’attitudes qui permet de survivre sans avoir l’air d’agresser continuellement ses voisins. Par exemple lorsqu’il se pose, il garde les ailes ouvertes avant d’un pas et incline de la tête, ça veut dire : « excusez moi je ne fais que passer, ne vous dérangez pas pour moi. ». Je crois cependant que ces signes sont culturels, c'est-à-dire qu’ils varient selon les régions. Il faudrait pouvoir étudier cela en détail.

La cour donne lieu à des rituels complexes de petites danses et de mouvements de tête qui semblent être très importants dans la séduction. Faut dire que les prétendants ne manquent pas, dans les colonies.

Mais pourquoi vivre en colonies? Simple, parce qu’il y a peu de lieux vraiment adaptés à sa survie. Le vol du macareux n’est pas très efficace, ses petites ailes sont meilleures pour voler sous l’eau. Dans les airs, c’est limite pour soutenir le demi-kilo qu’il assume. Alors pour décoller, ça prend une falaise, on se jette en bas en battant frénétiquement des ailes et la vitesse acquise nous permet de vraiment partir. Pour partir de la surface de l’eau, on peut s’aider des pattes. L’atterrissage est aussi problématique parce que la vitesse de vol est grande. Alors, il arrive qu’on perde pied et qu’on roule dans les nids des petits copains, ce qui n’est vraiment pas apprécié.

Quand on dit le petit frère, je pense qu’on fait allusion à son plumage qui lui donne l’allure d’un moinillon.

Sa voix est… bon… pas très harmonieuse, mais se remarque très bien dans une colonie de 100 000 oiseaux comme à l’archipel de Mingan, où se mêlent les goélands, les marmettes, les pingouins, les eiders, et combien d’autres qui profitent des eaux froides et poissonneuses.

En exclusivité mondiale et juste pour vous, Monsieur Puffin faisant un poème d’amour à sa dame qui répond :

Oui, il faudra que j’y revienne pour raconter les aventures de ce Monsieur, mon billet est déjà trop long. Il me faut cependant dire que c’est un oiseau très sensible aux produits pétroliers qui détruisent son imperméabilisation. Il y en avait une grosse colonie à Perros-Guirec, mais je crains que le déversement de l’Érika les aient exterminés.