Les subventions agricoles encore

J’ai reçu une flopée de courriels ( 4 est-ce une flopée?) qui m’expliquent que je ne comprends rien à l’agriculture et que les subventions sont nécessaires. Je vais donc entreprendre un court historique du phénomène qui je l’espère, expliquera mon point de vue.

Avant 1945, il n’existe pratiquement pas de subvention agricole. Mais c’est la fin de la deuxième Guerre mondiale, et les USA se retrouvent avec des montagnes d’explosifs dont ils ne savent quoi faire. D’autant plus que l’industrie chimique hypertrophiée ne peut pas réduire rapidement sa taille sans affecter sérieusement l’économie du pays.

Ces explosifs peuvent servir d’engrais pour certaines plantes, dont le maïs et le coton. Les USA subventionnent donc les agriculteurs pour qu’ils acceptent d’épandre ce truc dans leurs champs. Comme les subventions sont généreuses, les surfaces plantées en maïs augmentent rapidement et on se retrouve avec d’énormes surplus. La solution subventionner l’utilisation et l’exportation.

Comme les pays pauvres n’ont pas l’argent pour acheter ce maïs les USA leurs font des prêts subventionnés sur 50 ans pour qu’ils achètent le maïs. C’est l’origine de la dette qui étouffe maintenant ces pays. Comme il en coûte beaucoup moins d’acheter le maïs subventionné que de produire dans les champs, les pays du tiers monde voient leur agriculture s’effondrer et se constituer les immenses bidonvilles de personnes sans possibilité de travail. En Afrique surtout, cela provoquera une dette énorme, les « ajustements structurels » de la Banque Mondiale, la façon la plus sûre de détruire une économie et de plonger une population dans le désespoir.

Comme cela ne suffit pas pour absorber les montagnes de surproduction, on nourrira des herbivores ( les bœufs) et des omnivores ( les porcs) avec des diètes de maïs. Le sirop de maïs est tellement peu cher, qu’on en met dans tous les aliments. Ici, il y en a même dans le sel. Mais pourquoi ne pas manger autre chose? D’une part parce qu’il est très difficile de trouver des aliments qui n’en contiennent pas et même alors, ils sont tellement chers que cela est réservé à une élite. Il y a eu ici, une tentative de coopérative de production de bœuf à l’herbe. Le prix de revient est de plus du double, et les chaînes d’alimentation refusent cette viande pas assez grasse.

Les légumes? L’espace des terres agricoles est occupé par les productions subventionnées, et le coût du sol est tel que seules les productions subventionnées sont rentables. Le résultat est simple : l’obésité morbide. Le parallèle est parfait entre la courbe d’augmentation des subventions agricoles et celle de l’obésité.

Je suis bien heureux d’avoir de l’huile d’olive extraordinairement subventionnée, on n’en paye pas le quart du coût. Oui, subventionnons les produits bio, la viande à l’herbe, le vin sans additif, les aliments naturels qui respectent les sols. Les aliments qui sont environnementalement soutenables. Il n’y aura plus de chômage et les campagnes sont peuplées. Et les pays du tiers-monde prospèreront.