Nouvelles du Nord : Ivakkak

Une course de traîneaux à chiens, vous me direz qu’il y a rien d’exceptionnel à cela. Pourtant, celle-là constitue vraiment un renouveau.

Nunavik, probablement la région du Nord où la présence des blancs s’est fait le plus sentir, où ils ont le plus détruit. Ce n’est seulement la nature qu’ils ont tout fait pour détruire, mais surtout le sens des choses, la continuité. Pourtant malgré toutes les exactions, du sens perce, comme un pissenlit crève l’asphalte des villes pour prouver qu’elles sont mortelles.

Dans les années 50 et 60, les officiels du gouvernement du Canada ont tué tous les chiens des Inuits qu’ils ont pu trouver. Ce n’est pas les chiens que le gouvernement du Canada voulait tuer. C’est l’autonomie, la liberté et l’indépendance du peuple Inuit. La possibilité de survivre sans les « bienfaits » de la civilisation canadienne. Survivre sans l’alcoolisme, le diabète et la dépression. Ce qui m’étonne, c’est que plusieurs de ces civilisateurs canadiens survivent encore et qu’en ses temps de droit l’homme, on ne leur fasse pas de procès pour génocide. Ce qui m’étonne c’est que les Inuit ont survécu.

C’est la septième année que la course a lieu. A chaque fois, ce fut une grande victoire des Inuit le retour à ce qu’ils sont, des chasseurs sur la glace. Des chasseurs qui vivent avec des chiens parce que les chiens sont leurs jambes tout simplement.

Ils ont 575 kilomètres à parcourir à vol d'oiseau. A pas de loup presque le double. Ils sont partis depuis le soir du 5 mars, mais la course sera très longue cette année, une énorme tempête avec des vents de plus de 100km/h les a accueillis peu après le départ. On creuse et on attend, difficile de faire autrement.

Il y a 150 chiens aptes à courir cette année, une immense victoire après la tentative d’extermination. J’ai entendu dire que Mahyénipigane avait envoyé quelques loups coureurs renforcer les équipages. Je ne sais pas si c’est vrai, les nouvelles de loin sont souvent douteuses.