Une question torvisse
vendredi 8 août 2008, 15:46 General Lien permanent
C'est la belle Sara qui a levé le lièvre. Pour moi, c'est la question le plus difficile, la question à répondre. Mais il faut la poser pour prendre conscience des défis qui nous confrontent.
« Tant qu'on sera aussi nombreux, il est difficile d'arrêter la croissance. Il faudrait commencer par réduire la population humaine, ce qui va sûrement se faire si on continue sur cette voie... Le problème c'est que vu comment vont les choses, il est fort possible que l'homme disparaisse totalement, et beaucoup d'espèces avec lui. Enfin ce que je dis n'est pas trop politiquement (ou humainement) correct, généralement quand je dis qu'il faut que la population humaine se réduise, on me regarde comme si j'étais une folle extrémiste... » Je cite les mots de Sara. J'aurais certainement trouvé une formule plus pompeuse, mais son propos est on ne peut plus clair, il est là le principal défi.
-Oui, il faut arrêter la croissance. Nous consommons plus que la planète peut en fournir. Il n'y a pas de choix. -Oui, tant que la population augmente aussi vite, on ne peut stopper la croissance. -Oui, nous sommes près de l'effondrement de la population avec ce que cela voudra dire de douleurs, de misères, de gestes de désespoir, de guerres. -Oui, il est fort possible que les humains disparaissent avec la folie de destructions que ses actions entrainent. -Oui, nous avons créé une telle horreur que nous refusons de voir les conséquenses de nos gestes.
Pourtant, l'intention était bonne. Après la Deuxième Guerre mondiale, on a pensé qu'il était possible d'éliminer la faim et l'effort gigantesque d'une génération a jusqu'à un certain point, réussi. Mais nous comprenons maintenant que nous n'avons pas réussi à éliminer la faim, juste à la retarder.
Cependant, comment contrôler la population? La Chine avec sa politique d'un enfant par femme, semble avoir organisé la meilleure réponse. Mais pour réussir cela, ça prend un état très fort donc très répressif. Dans la plupart des pays du monde, une telle mesure entrainerait l'explosion de l'état et une barbarie plus grande encore.
Un enfant par femme parce que le but de la vie est de se continuer. Interdire les naissances serait créer un monde sans sens. Des femmes ne veulent pas d'enfant, c'est leurs droit le plus strict, et on a pas à discuter de cette question. Il n'y a pas de dieu qui donne les enfants au monde, mais des femmes qui les portent, les nourrissent, les élèvent et en font des humains.
Faire cesser les politiques qui favorisent la natalité? S'opposer au pape et aux autres natalistes qui nous conduisent à la catastrophe? Oui, bien sûr, agir sur le politique, parce qu'assumons la responsabilité collective de la situation présente. Faire porter la responsabilité aux femmes, aux individus, c'est encore une fois tenter de se décharger sur les autres de ce que nous devons faire.
Commentaires
Un seul enfant par femme? Mais alors il faudra tuer les vieux... Car les vieux, ça coûte horriblement cher par rapport à ce que ça apporte de richesse. Et veux-veux pas, leur poids financier retombe toujours sur les jeunes. Alors considère le nombre de vieux actuels et ceux qui s'en viennent, diminue le nombre de jeunes, allonge la durée de vie (voire d'agonie) de la population, le modèle que tu proposes va vite tourner au cauchemar, non?
Oui, il faut que le nombre d'hommes diminue, mais je ne suis pas sure que de sacrifier les générations à venir en leur proposant de trimer comme 12 pour entretenir nos vieux jours soit la solution.
Et malheureusement, je ne suis pas sûre qu'il y ait de solution humaniste à ce problème.
Alors, on peut toujours éduquer les femmes (parce qu'une femme éduquée, ça fait moins d'enfants et plus tard) mais ça ne sera pas la solution miracle.
Je ne pense pas qu'il y ait besoin de passer par un régime politique "type chinois" pour faire baisser la natalité. Sauf erreur de ma part, la population de la plupart des pays européens serait en baisse, sans l'apport de l'immigration. C'est une question de choix personnel et sociétal (mode de vie, religion, place de la femme dans la société, etc.) mais aussi de l'influence du stress, de la pollution, etc. sur la fertilité. De plus en plus de couples ont du mal à concevoir un enfant.
Donc l'éducation des femmes (et des hommes, qui en ont bien besoin aussi ;-p) et l'accès aisé à des méthodes contraceptives, ça me semble un bon début mais la question d'assurer les vieux jours est également primordiale (et épineuse) ! La responsabilité est portée par la société et les politiciens, pas par chaque femme.
Problème, la contraception généralisée entraîne également des effets pervers sur l'environnement (et la santé). Exemple avec la pilule (mais j'aurais pu choisir avec les préservatifs aussi !) : une partie des hormones est relarguée via les urines dans l'eau des rivières, où les poissons s'en prennent plein la gueule... et accessoirement les hommes aussi, quand cette eau retourne à leur robinet - pareil bien sûr pour certaines drogues et autres médicaments dont les molécules ne sont pas détruites par les stations d'épuration (quand ces dernières existent).
Je n'ai pas d'opinion tranchée ni de solution toute faite, ce sont juste quelques éléments qui me viennent, des bribes qui mériteraient mieux que d'être jetées là sans aller plus avant dans la réflexion mais j'avoue que mon lit me tend irrésistiblement les bras... Par ailleurs je suis sûre que d'autres visions très différentes viendront enrichir le "débat" et je me réjouis de les lire !
DDC--) Il y a vraiment pas de réponses simples... D'ailleurs est-ce qu'il y a une réponse? Bien sûr l'éducation des filles est LA priorité et pas seulement parce qu'elles font moins d'enfants, mais surtout parce qu'elles seront plus libres et créatrices.
Nanouk--) je ne suis pas d'accord sur le coût d'entretien des vieux. Si on veux des retraités à 55 ans qui gaspillent les ressources de la planète en voyage et en loisir, c'est clair que c'est impossible. Mais je veux des vieux qui participent, plus lentement, mais qui participent à notre société en nous aidant avec leurs savoirs, leurs sagesses, ça ne coute pas cher au contraire.
La façon dont le travail est organisée ne produit pas du bonheur, mais des profits. C'est ce qu'il faut changer de toute urgence.
Le problème est tout de même que comme tous les animaux nous avons l'instinct de procréer. Un homme ressent moins ce besoin, mais les femmes, ont ce besoin viscéral de procréer. Ce n'est pas un problème tant que la sélection naturelle se fait. Dans la nature, les animaux trop faibles meurent. Dans notre société, les individus faibles sont maintenus en vie. Bien sûr je serais la première à faire ce que je peux pour sauver la vie des miens, mais cette absence de sélection naturelle est ce qui nous manque pour l'équilibre.
"les femmes ont ce besoin viscéral de procréer"
Euh, je te demande pardon mais je ne suis viscéralement pas d'accord ^^ Je n'ai aucune envie de "procréer" et me sens encore moins l'âme d'une poule pondeuse. Nous sommes nombreuses dans ce cas, ou alors mon entourage (la plupart "en âge d'enfanter" justement) n'est pas représentatif. Ce "besoin" pour moi n'est pas physique (càd lié à tout élément de sexe féminin) mais sociétal ou personnel.
Certaines personnes ne rêvent que de bébés, c'est vrai, mais ce n'est pas une généralité (j'en connais deux, allez disons trois !). J'en connais aussi qui font des enfants sous la pression de la société ou de leur famille, ou encore pour "retenir" un homme (par amour ou intérêt), ou simplement pour combler un vide, se sentir exister au moins pour quelqu'un. Sans parler d'autres motivations encore moins reluisantes.
DDC--) Tu as raison, il y a des filles pour qui l'horloge biologique ne sonne pas. Mais quand ça sonne, c'est tellement fort que c'est "viscéral" sans doute. Je disais d'un copain qui voulait des bébés qu'il était "lapiniste" et qu'il fallait cesser de se reproduire comme ça... 6 mois plus tard ma copine était enceinte et j'étais le garçon le plus heureux du monde.
Sara--) oui tu as bien raison. Et c'est une autre question torvisse que la sélection dite naturelle... j'aurais aucune difficulté à étouffer de mes mains un homme qui laisserait mourir un enfant au nom de la "sélection naturelle" je ne suis pas un dieu pour être au dessus de la nature et la juger. Je me démerde avec ma condition de mortel en ne laissant pas mourir les autres.
DDC: Excuse-moi, j'ai généralisé pour le besoin des femmes. Disons que je n'en connais pas beaucoup donc l'instinct ne finit pas par se réveiller, même trop tard.
Pour la sélection naturelle, impossible en effet de ne pas sauver une vie quand on en a les moyens. L'équilibre s'est maintenu tant qu'on n'a pas eu tous ces moyens et cette nourriture, mais lorsque que je fais des recherches généalogiques et que je vois le taux de mortalité infantile d'il y a 2/3 siècles, ça me fait froid dans le dos.
Monsieur l'Ours.
J'ai tenté une approche dans mon commentaire au billet précédent, inspiré comme tu le fus par les remarques justes et dérangeantes de Sara, et je veux bien te croire quand tu la dis belle.