La panique de Madame Goglu

Pourtant la journée semblait tranquille à l'Auberge de l'Ours qui danse. Mais l'aventure arrive quand on ne s'y attend pas, c'est pour cela que c'est l'aventure.

Je retourne le compost. Il faut faire cela quelques fois par année. D'habitude j'attends que quelque chose m'emmerde, parce que ça fait un bien énorme de lever la bêche bien haute et de la descendre avec force dans la face de... non dans le compost. Après une heure, on a plus de colère, et on peut trouver une solution au problème. Ça doit être une bonne année, je dois retourner le compost et je n'ai personne contre qui laisser sortir ma colère. Alors, on le fait pour le plaisir de l'effort...

Ça piaille tout le tour de moi. L'Auberge va bien, les clients sont contents. Particulièrement une dame goglu qui y va de ses vocalises très complexes en voletant de l'orme au tilleul et du tilleul à l'orme. Je ne comprends pas comment un oiseau de 30 grammes qui semble voler aussi mal, est capable d'une migration de 6000 kilomètres. Et puis un cri qui glace le sang, les ailes qui sifflent, le faucon pique et attaque. Notre dame goglu a la présence d'esprit d'entrer dans la remise à bateau. C'est vraiment par miracle que le faucon réussit à éviter le cadre de la porte et retourne déçu dans le ciel. Fiou! On a eu chaud.

Problème, la goglu est coincée, voletant près du plafond, sans trouver de sortie. Il n'est pas question de descendre un peu où il y a la large porte mais aussi le faucon peut-être. C'est la grande panique. Il ne me reste qu'à prendre l'escabeau, me mettre les yeux à son niveau, faire un grand calme en moi, la regarder, et ouvrir la patte pour qu'elle vienne s'y poser. Sauf que quand on est en panique à ce point-là, spa évident.

Il a fallu que je m'y reprenne à trois fois, mais elle est venue. J'ai dû la tenir en la tenant un peu enfermée dans mon gant. La tenir par les pattes comme je fais d'habitude n'était pas possible, elle se serait briser une aile dans sa grande terreur. La photo pourrait être meilleure, mais c'est dur de bien cadrer avec un oiseau en panique dans la main (Natilin au secours). Deux grosses minutes de calme, et voilà notre petite dame prête à repartir pour de nouvelles aventures.

Les photos de goglus vous les montrent généralement noirs et jaunes dans leurs magnifiques vêtements de parade amoureuse. Elle a maintenant des vêtements de voyage beaucoup plus discrets. On dirait presque un bruant, ou un moineau. Mais avec le chant, on ne s'y trompe pas.