Chronique de la beauté du monde

Nous mourrons. Cela me rappelle dans les années 70, des « experts » ont trouvé une solution pour développer le Nord. On tua les prédateurs de la harde de caribous de la Korsoak. Les Inuit pourraient exploiter le grand troupeau, vendre de la viande dans le Sud et sortir de la supposée misère.

De 15 000 têtes en équilibre, le troupeau explosa et comptait presque 70 000 en 1982. Il n’y avait pas de nourriture pour tous, un virus passa et l’année suivante il restait moins de 2 000 caribous, la survie était loin d’être assurée.

Il y a 7 milliards d’hommes sur terre. Grâce au charbon, en 1900, la population de la terre avait dépassé le milliard et demi, et l’économie du pétrole se mettait en place. En 1950, c’est plus de 2 milliards, maintenant il y en a 7 milliards.

Comme la harde de caribous de la Korsoak, l’effondrement est certain. Quand? je ne sais pas, l’échelle de temps de la vie n’a rien à voir avec celle des hommes. Mais les hommes auront dépensé en moins de 150 ans, la réserve de carbone que la terre avait mis 500 millions d’années à construire.

Pour l’homme comme pour tous les animaux, c’est la disponibilité de la nourriture qui détermine la taille de la population. Ce qui a permis cette croissance rapide c’est en 1950, la révolution verte : l’utilisation massive d’engrais azoté. L’utilisation de ces engrais, c’est une façon de rendre comestible le pétrole.

Le prédateur n’est pas au dessus de sa proie, il en est le serviteur. S’il ne surveille pas étroitement la santé de sa proie, c’est lui qui mourra. Pour maintenir l’équilibre, le prédateur ne doit prendre que ce qu’il y a de trop. La lutte, c’est la lutte pour la vie contre la mort, et cette exigence est mortelle.

Je suis un marcheur de l’espace contre le temps. Je veux dire la terre dans sa beauté, pour que l’équilibre revienne. Le prix à payer sera terrible, mais c’est le prix de la vie.