Encore des baleines

En sortant le chien ce matin, je me suis fait vertement engueuler par une délégation d’oiseaux. Ils n’ont rien contre les baleines, mais il faut aussi que je parle des oiseaux. Excusez-moi amis à plumes, demain promis, je ferai un cours d’introduction à l’ornitho-linguistique. Mais il me faut encore parler de baleines, elles sont si importantes dans le lien qui nous unit tous et qui s’appelle la vie.

Il y a d’abord les cachalots. Des moines des profondeurs, méditatifs, strictes et sévères qui ont une conscience aigüe du temps. Grâce à la puissance extraordinaire de leur voix, ils maintiennent le rythme sans lequel les messages n’auraient pas de sens et la communication impossible. Et puis il y a les bleues, la plus grande bête ayant vécu sur Terre, la puissance vibrante, le souffle et l’appel de la vie. Les baleines communes qui n’ont rien de commun apportent la douceur, le fait qu’on peut se sentir bien en se laissant porter par le chant. Enfin, les mégaptères apportent la joie…

Lègeres ( que 40 tonnes) espiègles, rieuses toujours prêtes à jouer, elles sont la preuve que l’intelligence est sérénité, que la vraie beauté est dans l’équilibre des choses. C’est pour cela qu’elles dansent, qu’elles bondissent hors de l’eau, qu’elles jouent à qui fera le plus d’éclaboussures pour que la joie soit dans le chant du Monde.

Bien sur je ne peux pas nommer ici la part de chacun, parce que chacun à sa partie du Chant et que c’est un peu notre tâche de découvrir qu’elle est la notre, comment participer à notre manière sans fausser ni détruire l’harmonie et l’équilibre. Mais ma copine Isa l’épaulard m’en voudrait beaucoup si je ne parlais par de son chant qui est le plaisir du corps dans l’effort, le bonheur de sentir ses muscles réaliser, faire, se dépasser.

Bien sûr le capitaine du Sedna ne croit pas aux fadaises que je raconte. C’est un sérieux scientifique qui mesure, compte, et ne répète que ce qui est vérifiable. Pourtant dans un échange radio hier, il a raconté les 5 heures de conversation avec Apotom. Bien sûr elle a beaucoup joué, lancé de l’eau et fait des facéties pour mettre en confiance. Mais cette baleine du grand Sud qui n’avait presque jamais rencontré d’humains et jamais d’aussi près a voulu poser les deux questions qui lui tenaient à cœur : Pouquoi brisez-vous l’équilibre du Monde ? pourquoi tuez-vous vos semblables les baleines?