Bizarre l’écriture d’un blog

Presque à chaque fois, c’est pareil. Je me choisis un sujet pour mon billet, je fais un peu de recherche pour ne pas trop dire de bêtises, Il arrive même que je sélectionne une photo, le chant d’un oiseau, mais au moment d’écrire, cela part dans une autre direction. Rien à faire mes doigts ne m’obéissent plus et « cela » veut écrire quelque chose d’autre.

J’ai connu un écrivain célèbre qui a vendu des centaines de milliers de bouquins, et pour qui j’ai produit des pièces de théâtre. Lui le geste d’écrire, il appelait cela : « dompter la bête », comme si un monstre intérieur le forçait à écrire, et il le faisait jusqu’à l’épuisement total. C’était pour lui un geste hors de contrôle, une urgence vitale, un cri douloureux. Une façon en quelque sorte, de retrouver une paix intérieure.

Ma petite voix n’a rien de monstrueux. C’est une enfant souvent capricieuse qui essaie de me charmer, de me faire rire. Elle tente d’éviter de pleurer parce que cela ne sert à rien, mais qui sait très bien m’amadouer, me prendre par la main et m’emmener par son sourire, là où je ne voulais pas aller. J’espère que les chemins qu’elle choisit vous mèneront quelque part, je ne peux pas savoir où.

Par exemple ce soir, il faut que je parle du concours, des très belles entrées de Doune et de Nziem, sa Maigrelette est vraiment craquante. J’ai même pensé y mettre tout de suite un son… Mais je voulais aussi parler d’un événement rare, la formation d’un nouveau clan de bélougas en baie de Gaspé. C’est probablement la première fois que cela sera documenté. Il faut aussi que je vous parle de mon ami le balbuzard, et des amours de Nokosa, et d’Isa l’épaulard dans son très lointain Nord, qui veut dessiner dans l’eau les aurores boréales. Après tout c’est un blog sérieux de thérolinguistique.

Et puis j’aimerais tant vous parler de mon plus grand ennemi, du « Socrate » le fondateur de ce qui deviendra l’Europe des idées. Et de l’amour, et de la dépression, la sale bête, un chapitre que nous avons ouvert ensemble, mais qui est loin d’être refermé. Et des loups qui ont tant à nous apprendre.

Je me demande comment les autres écrivent. La plume si polie, si élégante d’Anita, la bataille pour la vie de Samantdi, ou la logorrhée joyeuse d’Angel, le bonheur tranquille de Chiboum, et de tant d’autres… C’est chouette les blogs.

Je ne sais pas si ce nouveau moyen de communication pourra remplacer le chant des baleines que les Japonais insistent pour exterminer, mais il y a certainement là une façon d’être humain et de lutter pour le rester.