Premier envol

Je sais, j’avais presque promis de faire un truc sur l’identité et la dépression. J’ai commencé, mais c’est plus complexe, ça va prendre un certain temps. De toute façon, vous êtes tous occupés à faire la fête cette fin de semaine, alors mes grands efforts ne serviraient que pour quelques-uns. Demain je m’y mets promis, enfin peut-être.

Un des très grands plaisirs de l’ami des oiseaux est d’assister au premier vol des petits. La semaine dernière c’était la famille hirondelle. J’avais raté le départ. Il y a un code. Quand un des parents est au nid, les petits hurlent pour avoir de la bouffe. Dès qu’ils sont seuls, plus un son. Il ne faut pas attirer les prédateurs. J’allais chercher un outil dans le garage à bateaux, donc j’ai à passer sous la maison des hirondelles. Je vois monsieur ( enfin, je pense) qui est dans la porte, qui me regarde et regarde le ciel, me regarde et regarde le ciel.

Tout à coup je constate que la maison est silencieuse, je comprends et lève la tête moi aussi. Quel spectacle! Les petits doutaient il y a 5 minutes encore, que de si petites ailes puissent les tenir dans les airs. Et les voilà qui virevoltent, tournent, piquent et remontent jusqu’au décrochage, se rattrapent et foncent sur l’obstacle (moi) pour savoir jusqu’où on peut aller trop loin. À ce jeu, il est inévitable qu’on réussisse à se casser le bec. Un aventureux a réussi à m’éviter, mais pas le mur derrière moi. Bang! Ou plutôt touf! J’ai le temps de me retourner pour voir le petit par terre qui se secoue la tête, le choc a été rude, il est encore tout étourdi. Je le prends, et il constate alors qu’il y a un risque ( bien mince) que je le porte à ma bouche. Il se jette en bas tant de voler et de planer pour prendre de la vitesse, ça ne réussit pas complètement, il touchera terre, mais réussira à mettre de la distance entre son tout petit corps tout neuf et l’immensité de ma personne ( de son point de vue, je ne suis pas si gros que ça).

Je sais dans vos pays trop chauds, les hirondelles en sont déjà à leur deuxième nichée. Mais ici non, c’est dans la première semaine de juillet que les petits prennent leur envol.

Aujourd’hui, ce sont les petits jaseurs des cèdres qui ont pris leur envol. Rien à voir avec les cabrioles des hirondelles. Les jaseurs, des oiseaux particulièrement beaux, mais timides, vivent ici au sommet des ormes et mangent les très nombreuses chenilles qui s’y trouvent. Ils descendent aussi me voler les petits fruits, surtout les gadelles, et les framboises, mais attendent que je ne sois pas dans le jardin.

Les jaseurs ne sont pas des grands pilotes. Ils ont des petits vols ondulant pour passer d’une branche à l’autre. Je me demande comment ils peuvent réaliser la migration d’hiver. Pour le premier vol, les 2 parents donnent l’exemple et foncent courageusement jusqu’à 5 mètres de l’arbre. Les petits se jettent à la suite, confiants dans leurs parents, mais constatent vite que la pratique est plus complexe que la théorie. Alors après un mètre ou deux, on retourne vite à l’arbre, en battant frénétiquement des trop petites ailes pour porter ce corps si gourmand.

J’ai bien tenté de faire des photos. Mais les ormes sont des arbres de 35 mètres de haut. Alors, les petits sont franchement trop petits. J’aurais pu vous mettre le doux zriii, zrii, presque continu qui fait qu’on les appelle jaseur. Mais les orages se succédaient, le ciel était toujours trop gris et les bruits trop importants. J’ai tenté de mettre une photo de la pluie qui arrive sur le nez de la Belle endormie, mais même pas, les orages empêchent la transmissions du fichier sur ma pauvre ligne téléphonique, je retente demain matin.