Au pays de Nillik
vendredi 4 août 2006, 02:38 General Lien permanent
Que j’aimerais vous amener au pays de Nillik. La grande plaine marécageuse cache le pergélisol. Rien à voir avec les vertes collines de la Normandie, ou le sol brun et riche de la Beauce, c’est un pays dur, de pierre et d’eau, couvert de neige sept mois par année. Et dans ce court été, marcher est pénible, il faut ici voler ou glisser sur l’eau. Au pays de Nillik, l’été c’est la saison où les traîneaux glissent mal.
Les marcheurs qui peuvent, quittent le territoire, le caribou et ses serviteurs cherchent plus au Nord leur nourriture. Alors, Nillik tombe du ciel comme la nouvelle neige. De regroupement en regroupement, les vols se font centaines, milliers et puis dizaines de milliers. Le bruit est assourdissant, Nillik, la grande oie des neiges crie sa joie de revenir chez elle.
Il n’y a pas de temps à perdre. Faire le nid, pondre, couver, amener les jeunes à être assez fort pour le grand voyage, et seulement 4 petits mois. Le scirpe, la spartine et le carex dont les racines sont très riches en amidon constituent l’essentiel de la nourriture durant toute cette période. Il faut se battre pour avoir assez à manger.
Depuis qu’Inuk ne chasse presque plus, la grande oie n’a plus vraiment de prédateur, elle est en surnombre, elle détruit son pays en le mangeant. Encore une fois, il est important de voir le rôle du prédateur dans la survie d’une espèce. Inuk est le fils de Nillik tout autant que de Natsiq (le phoque), et il mourra de l’avoir négligé.
Nillik forme un couple stable avec son conjoint. Mais elle aura de nombreuses aventures homosexuelles. Tant qu’elle n’a pas d’amoureux, Nillik est plutôt silencieuse. Mais après elle rattrape le temps perdu en criant presque tout le temps. Elle a un grand répertoire. Elle cacarde, caquette, criaille et siffle. En vol, on entend le plus souvent le « la-luk » ou le « Uk-Uk » et divers aboiements. Elle dit la tendresse avec un « KoïK » ascendant. Enfin, tout le monde le sait, ce sont les loups qui ont appris à tout le monde à parler. Les loups ont appris aux chiens qui ont appris aux oies. C’est pour cela que c’est une langue facile à comprendre. Tiens, j'y pense, les Elfs de Tolkien ne seraient pas en réalité des loups?
Des nuées de moustiques affamés cherchent la chaleur du sang. Ils ne peuvent pas attaquer Nillik, ses plumes la protègent. Mais tous les autres animaux doivent subir ces assauts. Il n’y a pas de protection chimique ou vestimentaire apte à nous en défendre sinon la longue habitude des morsures qui nous rend presque tolérant au venin. Même alors les chutes de tension artérielle peuvent survenir.
Pourquoi alors aller dans ce si difficile pays? Pour savoir que tout n’appartient pas à l’homme, qu’il n’est pas le maître du monde, qu’il ne peut pas tout dominer, tout contrôler. Il n’y a pas de maître de la vie, et la vie n’a pas besoin de maître. À vouloir être le propriétaire, le maître du monde, nous ne pourrons qu’en être le fossoyeur.
Commentaires
Comme quoi finalement, etre une oie, c'est pas forcement une insulte...
Tu parles de ta Beauce ou de la mienne?
Hé bien voilà, j'ai trouvé LA parade pour arrêter de me faire bouffer par les moustiques en Camargue : je vais mettre des plumes !
Evidemment, pour bronzer sur la plage, ce ne sera pas ce qu'il y a de plus pratique... et je ne suis pas sûre de faire honneur aux oies, j'aurais plutôt l'air d'un gros poulet.
;o)
Pour te suivre il nous faudrait voler dans un scaphandre...
L'imagination et tes paroles nous entrainent sans dommage au pays de la neige ailée...
Nous entendons par tes oreilles,nous voyons par tes yeux mais notre peau fragile reste douce,merci de prendre tous les risques
et merci de nous alerter sur nos méfaits,nous les prédateurs qui plus que quiconque devraient avoir conscience de ce terrible enjeu
Moi je trouve ça rassurant de ne pas pouvoir tout contrôler, au fond...
Dis, le pergélisol, c'est la même chose que le permafrost ? Ca doit cailler, chez Nillik... (Et j'ai oublié de te dire, Cro-Mignonne va avoir un tilleul à elle dans ton pays).
A'toshka--) la Beauce d'ici a été nommée parce que cela ressemblait à la Beauce de là-bas... mais je pensais à la tienne, surtout à la générosité de ce pays, où on doit regarder les plantes en permanence sinon elles poussent à toute vitesse ( comme mon ado ces temps-ci)
La trollette--) Tu es beaucoup trop libre d'esprit pour avoir l'air d'une poule ( surtout pas une poule de luxe).
Mamicha--) la responsabilité du prédateur, c,est que je tente d'expliquer que le prédateur est le serviteur de sa proie, domage que les moustiques ne soient pas des prédateurs ils n'ont aucun respect.
Anne--) exactement, je fais beaucoup plus confiance à la nature qu'à l'homme pour le contrôle. Et bravo pour Cro-mignonne qui sera douce et généreuse.