Phytolinguistique : le discours éducatif

Pour comprendre la langue de l’autre, il faut d’abord tenter de comprendre qui est l’autre. Le discours éducatif, ce qu’on dit à nos enfants, est sans doute la meilleure source de compréhension de la culture de l’autre. La prestigieuse revue « Nature » nous ouvre une porte vers la langue des plantes.

Maki le merle enseigne à son fils à entendre le ver de terre. Le colibri enseigne à ses enfants ce qu’est la fierté colibri, le panache nécessaire pour être un gros oiseau de 3 grammes. Le moqueur-chat enseigne à ses petits lors d’une infestation de chenilles qu’il faut en manger le plus possible, régurgiter et recommencer. Son rôle de prédateur est très bien compris, maintenir l’équilibre, éviter que par prolifération une espèce empêche les autres de vivre. D’accord il y a un prédateur qui a raté le tournant quand on pense à l’humain. Mais est-ce qu’une plante peut enseigner à sa descendance?

Si on se fit à cet article de Nature : http://www.nature.com/news/2006/060731/full/060731-16.html à tout le moins les plantes stressées peuvent avertir la génération suivante du danger et favoriser des mutations favorables à celle-ci. Donc les plantes communiquent, je veux apprendre, je veux savoir ce que les plantes se disent.

Oui, comme tout le monde il y a certainement le Bla-bla du quotidien, il y a aussi les grandes stratégies pour affronter le monde. Existe-t-il une poésie plante? Est-ce que la beauté de la fleur, organe sexuel de la plante, ne serait pas aussi un poème à l’univers? Comme chaque amour est le recommencement du monde et c’est à cela qu’on le reconnaît.

Probablement que dans mon agitation fébrile d’animal je n’ai pas le temps d’entendre ce que les plantes se disent, je ne réussis pas à faire le calme en dedans de moi, pour sentir le message de ce qui pousse. Probablement que la plante parle en poussant, mais plus probablement elle parle en vivant, en se reproduisant, en recommençant le monde à chaque fois un peu mieux.

« Nous-mêmes, qui sommes des animaux actifs, prédateurs, nous cherchons et c’est naturel, un art de communication actif, prédateur et nous le reconnaissons dès que nous le découvrons. Mais je dois admettre que, malgré tous les progrès spectaculaires effectués par la thérolinguistique au cours de la dernière décennie, nous ne devons pas devenir esclaves de nos propres axiomes, nous devons lever les yeux vers des espaces encore plus vastes, nous devons relever le défi presque terrifiant du végétal. »

Le dernier paragraphe est d’Ursula LeGuin, j’ai peu de chance de réussir, mais voilà un défi qu’il faut relever.