Faire le point

Ouf! Quel intéressant débat! La question de la dépression touche au plus profond et les réactions sont fortes ( euphémisme). Je vois 4 thèses principales. Je vais tenter de les résumer en commentant le moins possible. Je n’ai rien à vendre ou à défendre, j’essaie de comprendre pourquoi le nombre de dépressifs augmente si rapidement. J’espère que d’autres points de vue se rajouteront, ou des compléments d’information. J’ai bien besoin de voir clair dans tout cela.

Une société de perdants. C’est la thèse que j’avance. La société libérale est extraordinairement compétitive. Et les modèles de victoire qu’on nous propose sont inatteignables. Quand je perds, je voudrais aller chercher autour de moi dans mon groupe la solidarité qui me prouverait que j’ai encore une place. Mais, comme tout ce que je semble rencontrer, ce sont des compétitifs qui, il me semble n’ont pas de temps à perdre avec un vaincu, je m’enferme sur moi-même me coupe du monde. Je peux travailler à me reconstruire autour de mon échec, cela n’empêchera pas un plus grand nombre de sombrer dans le même piège. Il faut reconstruire le monde autour de la solidarité ( ce n’est pas gagné).

Un monde sans but . Drenka défend avec vigueur ce point de vue. Dans le confort et l’indifférence de notre société où nous avons l’impression de ne pas avoir de prise sur les grands objectifs, nous n’avons plus à combattre pour notre survie et la survie de notre groupe. Il s’en suit une démobilisation, un désintérêt de la vie qui nous force dans un repli sur un soi de plus en plus petit. (Pour moi, la chimie du cerveau est un reflet de ce qui se passe à l’extérieur, mais je ne veux pas débattre de cet aspect qui m’apparaît secondaire, l’action des médicaments est importante pour sortir un dépressif de son enfermement). L’engagement sera la voie de sortie ( relire Boris Cyrulnik à ce sujet).

Une enfance détruite. L’orientation qu’apporte Freefounette ( et le docteur Miller). C’est un point de vue totalement nouveau pour moi, je ne tenterai pas de résumer, je vais faire mes devoirs en allant lire et après j’en parlerai. Étant plutôt réfractaire à la famille nucléaire, j’aurais tendance à aimer ce point de vue. Mais je n’en connais pas assez pour m’avancer. Libérons l’enfant en soi.

La construction de soi. Trollette l’explique très bien. L’Autre nous enferme dans des valeurs qui ne correspondent pas à ce que nous sommes, ou plutôt à ce que nous serons après. La dépression est la difficile confrontation au monde, qui nous permettra de comprendre dans la douleur que « je suis » enfin que je peux devenir, avec du travail, un engagement qui me conduira à moi.

Si je me suis trompé, si je rate quelque chose, corrigez-moi.

Voilà, je reviendrai dans quelques semaines après avoir tenté de comprendre. En attendant, je vais aller voir mes amis oiseaux, c’est moins compliqué.