Reprise : le soufle de brume

J'ai du retirer ce billet. Je recevais trop de spams en commentaire. Mais on m'a très gentiment demandé de le remettre en ligne. Comment refuser? d'autant plus qu'il y a la très belle photo de Richard...

Il faut toujours se méfier des Tongats. Les Êtres de l’autre monde des Inuit n’ont peut-être pas la possibilité d’agir directement sur le monde, mais leurs voix peuvent nous influencer, nous amener à agir, à nous isoler, à nous perdre. Les Nuliarsak sont particulièrement dangereux.

J’ai déjà parlé des Nuliarsak quand l’une d’elles a attaqué l’ami Zub, dans une aventure qui a beaucoup troublé son cœur. C’est à mon tour d’être attaqué. En rêve ou réveillé, elle me souffle son âme de brume. Je la sens qui m’enveloppe et me caresse, elle limite mes mouvements me plongeant dans une douce langueur, elle voile mes yeux pour que je ne voie qu’elle, que je n’entende qu’elle. C’est si bon, et pourtant j’ai si peur.

Si vous ne connaissez pas le talent de Richard d’Avant la lettre, il faut le découvrir. Voilà, je répète que la fleur est l’organe sexuel de la plante, il l’a mis en image.

C’est aussi le portrait de ma Nuliarsak. Douce, éthérée, faite de brume, de chaleur, de tendresse, mais aussi de sang, de chair, de passion de plaisir, elle m’entoure et me veut. Elle veut m’aspirer dans son monde irréel, me lier à elle, m’aimer jusqu’à ce que j’en perde la raison, qu’elle prenne ma raison, ma passion, mon corps, pour elle, juste pour elle, jusqu’à ce que je disparaisse de ce monde, pour son monde.

Qu’il serait tentant de tout abandonner, de s’allonger dans la neige, et de mourir de la douce mort du froid. Après toute cette misère, on s’endort doucement dans des rêves magnifiques, on ne souffre plus, on n’en revient jamais.

Il n’y a qu’une façon de se libérer : le dire à notre clan, à nos amis. Le réel du lien qui nous lie sera plus fort que l’illusion qu’elle me susurre à l’oreille. Notre monde semble beaucoup moins beau que le sien, mais semble seulement, ici je suis avec d’autres à me battre pour que la vie ait un sens. Là-bas, il n’y a pas de sens, que des esprits avides de vie, jaloux et qui tentent de nous voler la notre.

Pourtant douce Dame des Brumes, vous existez peut-être…. Il me reste l’espoir que le monde vous porte, que vous n’êtes pas l’ennemie qui veut me voler ma vie, mais au contraire me la donner. Que vous voulez peut-être participer à ce qui semble cette inutile quête de sens, mais qui est le sens. Continuer, porter la vie.