La lame de Ramah--- Un récit Inuit

Ça fait déjà un an que j’ai commencé ce récit, et je ne trouve pas le moyen de le terminer. Alors en décidant de le mettre en ligne, il me faudra bien faire un effort supplémentaire. Comme beaucoup de récits, c’est l’histoire d’un voyage initiatique pour un jeune Inuk. J’ai déjà du matériel pour 3 dimanches, et je crois qu’il en manque 2 ou 3. Vos remarques et critiques me seront d’un grand secours. On trouvera bien le moyen de regrouper le tout à la fin. Au fait, j’ai réussi à mettre en ligne les 3 mots-bélugas que me refusait le serveur hier ( ça vaut la peine d’aller écouter).

L'appel:

La nuit froide et silencieuse s’étend sur le clan de Qumaq. Elle a fait du bon travail et 5 iglous font les dos ronds pour protéger ses enfants de l’hiver. La vieille femme peut dormir en paix.

Qalingu est un très bon chasseur. Aujourd’hui encore il a pu ramener un phoque barbu. Il pourrait dormir en paix, mais un rêve l’agite. Tout à coup, il s’assoit sur son lit et crie très fort. Tout le monde l’entend et plusieurs pensent que le campement est attaqué, mais comme on n’entend plus de bruit dehors, il vaut mieux se rendormir, on aura les nouvelles au matin.

L’aurore rosie à peine l’est quand Qalingu demande à parler à Qumaq. La vieille femme voit bien que le chasseur est très nerveux aussi elle lui dit : -bois ce thé, prends ton temps, tu parleras après.

Qalingu qui comprend très bien, tente de se calmer afin que la vieille dame lui donne le droit de parole, mais il est trop agité et peine à garder le silence. La vieille femme, lui dit : -Oui, je sais moi aussi j’ai fait le même rêve, il y a donc un appel.

Qalingu qui avait préparé de nombreuses phrases pour expliquer ce qui se passait est tellement surpris que ses mots se bloquent dans sa gorge. Qumaq dit : -je vais raconter et s’ il y a une différence entre mon rêve et le tien, arrête-moi, et nous étudierons si cette différence signifie quelque chose. Plus haut sur la rivière, il y a des humains qui ont besoin de nous. Un difficile conflit se prépare et il faut quelqu’un pour juger et trancher. Tu as été choisi, il semble donc qu’il te faille partir.

Qumaq semble se refermer sur elle-même et l’homme hésite à parler. La femme n’aime pas voir partir son meilleur chasseur. Le clan a beaucoup de réserve, mais s il lui arrivait quelque chose, le prochain hiver serait plus difficile, et les voyages sont si dangereux. Elle se demande si il ne serait pas préférable d’envoyer un autre chasseur avec lui pour sa protection. Alors Qalingu réussit à parler :

- Mêre, je dois partir, vite et seul, cela me permettra d’être plus rapide et de revenir nourrir le clan. Mais tu as dit que ce sont des humains qui ont besoin de moi, je n’en suis pas sur… Est-ce que cela pourrait être un Torngat ( un fantôme)?

- Je crois que ce sont des humains, je n’en suis pas sûre. Mais je sais que ce n’est pas un Torngat, parce que les Torngats sont à la fois forts, forts de la peur qu’ils inspirent, mais aussi très faibles, ne pouvant venir dans notre monde. Et je n’ai pas eu peur, je pense donc que c’est un humain qui appelle.

- Oui mère, je partirai vite et léger avec le petit cométique ( traîneau) et 5 chiens. Je ne connais pas le grand lac que j’ai vu en rêve. Mais si c’est nous qui sommes appelés, c’est qu’il ne doit pas être trop loin. Qumaq préfère se taire. Qalingu connaît mieux les voyages qu’elle. Il saura trouver et revenir. Elle l’entend dehors, il prépare déjà le petit cométique, choisit avec soin ses harpons à pointe d’os, des sacs de peaux pour tout mettre et qui lui serviront de sac de couchage. Il met sur son dos, le sac du chasseur. Ce qui lui sera nécessaire pour survivre, quelles que soient les conditions.

Plusieurs autres membres du clan sortent les uns après les autres pour aider aux préparatifs, on envoie un homme chercher des chiens, et Mitiarjuk vient offrir des bottes neuves à Qalingu. Mitiarjuk aime bien les bras puissants et le doux sourire de cet homme, et l’homme reconnaissant met les bottes sur le dessus du sac. Plus que des mots, ce geste dit à Mitiarjuk, oui tu es importante pour moi, oui je te remercie.

Qalingu veut dire quelque chose, mais les chiens arrivent : hau! Hau! Dit-il pour les faire venir et leur passer le harnais et les attacher un à un au cométique. Il y aura beaucoup de neige fraîche. On ne peut pas les atteler en éventail ce qui permet une meilleure tire. Il faudra les mettre en ligne avec la puissante Kajualuk (la grande rousse) et tête, elle saura bien entraîner les autres.

Mitiarjuk invite l’Inuk à venir prendre le thé et la collation de départ. Il entre dans l’iglou et en mangeant, regarde chaque objet un à un lentement, comme si c’était la première ou la dernière fois qu’il en voyait. La femme se demande pourquoi, mais n’ose poser des questions, un trouble semblant habiter l’homme. Il accepte la nourriture avec un grand sourire…

Il dit : - Merci, tu es bien bonne de t’occuper de moi comme cela. Elle refuse de répondre à la formule de politesse et dit : - Qalingualuk ( le beau grand Qalingu) revient vite, je vais beaucoup m’inquiéter. - Hai! Hai! Oui certainement je vais vite revenir, surtout si tu me le demandes. Mais je reviendrai plus vite si je pars vite, je dois profiter le plus possible de la journée pour faire la route. Écoute, les chiens veulent partir.

À peine cinq minutes ont suffi à remplir d’une riche lumière, le cœur et la tête de ces deux-là. Il faut qu’il revienne…