Un Noel de baleine

Bien sûr, les baleines n’accordent pas trop d’importance au calendrier. Peut-être remarquent-elles que ce sont les solstices d’hiver ou d’été, mais c’est surtout l’amour qui décide des voyages.

Si les rencontres se font souvent dans les eaux du Nord, les baleines préfèrent vivre les amours aux Soleils du Sud. On ne peut pas vraiment le leur reprocher. De fait, c’est la glace qui fait fuir les baleines. Les bélugas sont équipés d’un os qui fait une crête sur la tête, ce qui leur permet de casser jusqu’à 30cm de glace. Ils peuvent rester au Nord. Les autres doivent quitter les riches pâturages pour les mers chaudes.

Le climat exceptionnel de cette année fait qu’il n’y a pas de glace, aussi un grand nombre de baleines en profitent pour manger le plus longtemps possible. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas en amour. On en voit beaucoup qui se promènent deux par deux, mais ne se résignent pas à partir.

Ce sont les plus grandes qui restent le plus longtemps. Les rorquals communs et surtout les grandes bleues, le plus grand animal ayant existé sur terre, qui s’attardent en cherchant les dernières éclosions de planctons de la saison. Les mégaptères, les petits rorquals et les autres sont tous partis.

Un ami de la Cote-nord, voulait se reposer un peu des bruits de la fête, de faire une marche sur la plage le soir de Noël. Tout était calme dans cette nuit sans vent et sans vague. Il a bien sûr d’abord entendu le souffle, comme un coup de canon dans la nuit. Elles étaient deux et se nourrissaient en s’approchant de la plage dans des eaux peu profondes. Elles sont venues suffisamment près pour qu’il entende le glissement dans l’eau au moment de la plongée.

S’il avait été dans l’eau par ce soir très calme, il aurait probablement pu entendre les battements du gigantesque cœur du géant. Non, pas entendu, mais très bien senti, la paix profonde, la douceur et la joie qui anime les grands rorquals.

Et puis la lune naissante a jeté un œil entre deux nuages, et il a pu voir le spectacle toujours unique de ces montagnes d’amour glissant à la surface de l’eau. Je ne comprendrai jamais, qu’un humain ayant vécu cela, puisse penser que sa voiture ou la croissance économique de l’entreprise ait une quelconque priorité sur la vie.