Les requins!

Qui m’a demandé de parler des requins? Je ne retrouve plus. C’est que je n’y connais pas grand-chose aux requins et c’est un sujet vaste et complexe. Alors, il me reste à demander à mes amies baleines de m’en parler.

Il y a requins et requins, vous savez. Il paraît qu’il y a plus de 470 espèces de requins que les humains classent en 35 familles. Les plus petits font moins de 20 cm et les plus grands 20 Mètres. Alors entre les deux, il y a ce que vous voulez.

Dans le Nord, on dit qu’il n’y a qu’une seule sorte de requin : Le requin-pèlerin qui est, avec le requin-baleine les plus grands des requins. Tous les deux sont des mangeurs de planctons, incapables d’avaler une proie de plus de trois centimètres. Ils vivent en très grandes profondeurs, une vie très lente et silencieuse dont on ne connaît pratiquement rien. On n’est même pas sûr qu’ils sont de réels ovipares. Par contre, mon ami Tryphon, un gentil cachalot très timide et amoureux des profondeurs comme tous les cachalots, me dit qu’il y a d’autres poissons à cartilage, loin loin en dessous que les humains ne connaissent pas encore.

Comme les requins sont des animaux à sang froid, les eaux froides du Nord, les rendent plutôt lents et la plupart des « sélaciens » vivent dans les eaux chaudes. La forme des requins représente la perfection de l’hydrodynamisme, aussi est-elle fixée depuis plus de 100 millions d’années. De plus, la peau des requins est texturée, pleine de petits trous qui créent une turbulence qui favorise le glissement dans l’eau. C’est le meilleur nageur qui soit, le plus efficace des prédateurs de la mer.

Vous le savez, c’est la parole qui m’intéresse vraiment et les requins ne chantent pas. Les requins ont un sens de l’odorat absolument étonnant, capable de sentir le sang à grande distance. Un sens particulier qui semble relié à l’odorat leur permet de capter l’activité électrique des êtres vivants jusqu’à une vingtaine de mètres. Si un requin vous chasse, arrêtez de penser! Disons que ce n’est pas très facile. L’odorat si puissant occupe plus de 70% de l’espace du cerveau du requin, il n’y a pas de place pour le chant ni les mots.

Encore une fois, l’Équilibre de la Nature se confirme : le plus fort est le plus faible. Ce super-prédateur, cette machine à tuer très efficace avec ses sens d’une précision exemplaire, est un imbécile fini. Tellement efficace à trouver et attaquer sa proie, il est incapable de percevoir un danger pour lui-même et tombe dans les pièges les plus simples. On dit qu’un poisson rouge dans son petit bocal n’a pas assez de neurones pour se souvenir qu’il est passé par là. Le requin c’est ça. Tellement concentrés sur l’atteinte de sa proie, que rien d’autre n’a de l’importance pour lui, et qu’il a beaucoup de difficulté à protéger sa propre existence, ses réflexes d’autodéfense sont du même niveau que ceux d’un ver de terre. De fait, cela ressemble beaucoup aux robots actuels, tellement efficaces dans des tâches bien précises, mais incapables de réagir à un événement imprévu.

C’est étonnant que ces animaux aient survécu malgré un tel handicap. C’est sans doute qu’ils sont tellement bons nageurs qu’ils réussissent quand même à fuir le danger. C’était vrai, parce qu’il est maintenant menacé par un prédateur encore plus puissant et plus imbécile, un prédateur prêt à même détruire son environnement pour accumuler de la bouffe qu’il ne mange même pas.