Nokosa dit : Akicou-Akocu-Moshunok

J’ai plusieurs fois parlé de ma copine mégaptère Nokosa, la belle baleine bavarde. Elle a quitté le Golfe Saint-Laurent toujours suivi des beaux jeunes mâles qui chantaient pour elle. Elle est maintenant près de la Guadeloupe, un très bel endroit pour être en amour. Elle a choisi, je ne sais qui, mais je sais qu’elle a choisi.

Autant d’amour ne peut passer inaperçu. Lorsque les baleines sont en amour, le Chant de la Beauté du Monde devient plus intense, la lumière change, et cela fait venir le printemps. La douceur du temps viendrait quand même, mais comme dit la chanson : «Le printemps sans amour, c’est pas le printemps ». C’est vrai aussi que plusieurs petites baleines ont une période d’amour à l’automne. Mais la vibration n’atteint pas l’intensité qui fait qu’au début du printemps les garçons voient des filles qui étaient pourtant là tout l’hiver.

Nokosa tente surement de faire un jeu de mots avec l’assonance Akicou-Akocu. De toute façon, il faut toujours chercher un peu, les baleines vivent dans une réalité spatiale et temporelle tellement différente de la nôtre, que la description d’un sentiment est forcément différente. Akicou, c’est la peau de phoque, et par extension toutes les fourrures. Cela contient la notion de confort, chaleur, douillette. Akocu, c’est le frisson subi, lorsqu’on entre dans l’eau froide d’un lac ou qu’un vent froid frappe la peau nue.

Moshunok, c’est surement Mosh- ce qui fait marcher, Moshun le cœur, avec le suffixe locatif -ok. Le cœur qui est là, ce cœur-là. C’est donc en dehors de moi.

Acceptez-vous comme traduction : « cherche, ils sont doux les frissons sur la peau du cœur »?

Je vais être absent de la ville pour quelques jours. Je devrais être de retour mardi. Mais quand je vais en forêt, je ne sais jamais quand je pourrai revenir. Oui, j’y vais parce que Nokosa me le demande, je vais chercher les doux frissons du cœur.