Médiocrité, excellence et société

Médiocre : dont la valeur est inférieure à la moyenne. Dans un commentaire du billet précédent, Andrem nous invite à réfléchir sur l’idée « d’une société de médiocres. » Ma contribution…

À première vue, il serait tentant de regarder cette idée simplement du point de vue du dictionnaire. La société c’est la moyenne, la médiocrité c’est ce qui est en dessous, et l’excellence c’est ce qui est au dessus. L’idée d’une société de médiocres est illogique et on passe à une autre question.

Je ne pense pas que le nœud de la contradiction soit sur ce point, mais plutôt dans le concept d’excellence. Ainsi, il y aurait dans notre société des personnes d’exception, avec des qualités particulières : « les excellents » qui dirigent les organisations, et décident au nom de tous, ce qui est le bien et le mal pour la société.

Les excellents sont à la tête des compagnies et des corporations, et voient au bien-être de tous selon les lois de l’Économie, qui comme on le sait tous, a remplacé dieu et la religion. D’ailleurs, si ça va mal, c’est que les dirigeants politiques ne sont pas choisis par les excellents mais par les médiocres, et ne respectent donc pas les lois de la religion économique. Si l’excellent commet le péché de non-profitabilité maximum, il sera condamné à retourner au rang des médiocres.

En France, les excellents naissent dans les grandes écoles, ici dans les écoles de droit ou de génie. On me dit qu’en France le problème, c’est qu’il est trop difficile d’avoir accès à l’excellence, il n’y a pas de « mobilité sociale ». Ici, il faut sûrement être fils de riche et avoir une détermination sans limite, mais clairement vouloir ne suffit pas.

Je pense que dans les sociétés moins complexes, la valeur individuelle pouvait avoir de l’importance, et on pouvait choisir un chef à partir de sa valeur morale, et de la justesse de son point de vue. À regarder la puissance des grandes corporations qui contrôlent cette petite planète, je me demande comment un individu pourrait prétendre en diriger une. Les grandes corporations ont besoin de porte-parole qui dira ce que la corporation veut et non l’inverse.

La pop-star, la vedette de la télé, le dirigeant de corporation, tous se comportent en fonction de leurs rôles plutôt qu’à partir de ce qu’ils pensent. C’est d’ailleurs cela qui rend la télé-réalité possible. On peut prendre n’importe qui et en faire une vedette.

Je trouve que tout cela ressemble beaucoup au monde féodal où des Comtes, des Ducs et des Barons, imposaient des guerres au peuple pour leur profit personnel. Les corporations se font des guerres et les consommateurs comme les travailleurs en feront les frais. Et comme noblesse oblige, on imposera au petit peuple, à la canaille, à la racaille, une morale qu’on n’a pas à suivre ( Paul Wolfowitz par exemple).

Une société de médiocres? J’appellerais cela plutôt la démocratie. Cela ne m’empêchera pas de tenter de m’améliorer, mais pas selon les critères de la religion économique.