Moukmouk de Pohenegamouk

De fait je m'ennuyais un peu de Miss Lulu et j'allais chercher un sourire à lui transmettre. Il y a des miracles chaque jour dans ces deux kilomètres carrées, des miracles qui n'ont pas besoins d'être vus pour être des miracles, et qu'il faut donc chercher.

Mais ce matin-là, on m'attendait. Je vous ai déjà parlé de mon ami Arthur, un très beau mâle grive, un peu prétentieux, mais l'étant moi-même beaucoup, je ne trouve pas que c'est un défaut. Je ne sais pas s'il savait que je cherchais un peu de réconfort, mais il était-là, décidé à m'en faire entendre. Je longeais le jardin Turc avec un peu d'espoir que quelque chose soit sortie de terre, que je l'entend, un bref, il s'envole plus loin, un autre petit appel. Ça me prend du temps avant de comprendre, il revient donc, et recommence le manège.

Oui, oui j'ai compris on y va, et me voilà courant presque les sentiers qui vont vers l'arboretum. Ayant vu que j'avais compris, il fonce et se cache dans un énorme conifère. Il sait que juste derrière, il y a un de mes coins préférés, le jardin des rhododendrons. J'entre-là comme dans une église, parce que je sais que c'est un lieu créé spécifiquement pour dire la Beauté du Monde. Alors Arthur, y va de son beau chant, juste pour lui, juste pour moi, juste pour dire la Joie de la vie.

Tout de suite, il y a une réponse, cachée dans un autre conifère, et voilà que s'installe un duo:

Je ne peux croire que ce sont deux mâles qui disent à une dame: écoute c'est moi qui chante le mieux. Non, ce sont deux êtres vivants qui invitent tous les êtres vivants à célébrer la vie. Ils disent à ceux qui sont tristes et qui ne trouve plus de sens à la vie, que le monde ne tourne pas pour un être vivant, je n'ai pas d'importance, la Vie en a.