Même planète?

Ouèp! Il devient platte mon blog, trop de réflexions compliquées. Permettez-m'en encore une. Une chouette blogueuse me demande si elle et moi vivons sur la même planète... Admettez pour mon esprit tordu, c'est trop beau comme question pour que je ne tombe pas dans le piège.

C'est vrai que mes recherches en thérolinguistique ( les langues des bêtes sauvages), mes réflexions sur la propriété privée, mes interrogations sur l'agriculture, sont pour le moins farfelues pour ne pas dire totalement « space » une jeune urbaine. A lire les blogs, les préoccupations des urbains sont ( outre la bouffe et les enfants) Le temps, « je » et comme suis-je perçu (ou non) de l'autre.

Je me suis déjà décrit comme « marcheur de l'espace contre le temps ». Le temps est ce qui fait la transformation, il est donc l'ennemi de l'équilibre. Je sais, il n'est plus possible de vivre en nomade dans la forêt. Il n'y a plus de forêt assez grande. Il me faut donc vivre comme un urbain, me préoccuper de temps, de propriété privée, de productivité et des autres, enfin les autres en dehors de mon clan.

Mais il reste la dimension perceptuelle. C'est le grand anthropologue Edmund Carpenter qui a le mieux décrit le truc. Pour ceux de la forêt et ceux de la glace (les Inuit) le monde a commencé par un son. L'univers perceptif est audio-tactile, et la réalité est dans ce que j'entends et ce que je touche. L'ouïe m'apprend d'avantage que ce que je perçois par les yeux. Ce n'est pas une question d'individus mais d'habitus au sens de Bourdieu.

Utilisant des méthodes différentes pour percevoir la planète, on pourrait croire que je vis sur une autre planète. Mais je dis qu'il n'existe pas qu'une réalité. Encore là, il y a le piège des post-modernes qui dit que la réalité appartient à l'individu et que toutes les réalités se valent. Je suis persuadé que c'est faux. Mais je ne peux pas juger, en tirer des conclusions étant partie dans un processus qui est loin d'être neutre.

Ce n'est pas pour rien que Madame Watt-Cloutier mène un combat maintenant reconnu mondialement, alors qu'elle n'a certainement pas l'attention des médias d'une ex-vp des USA. C'est simplement que sa perception du monde l'amène à dire les choses de façon différente. Ce qu'elle entend et répète, vous permet de voir ce qui s'en vient.

Mêlé que je suis, mélangé de ville, de forêt et de glace, je n'ai pas de prétention à vous dire ceci est vrai, ceci est faux, je ne sais pas. Mais justement alors que vous regardez la planète, je l'entends. Et je vous le jure, c'est la même. J'entends, le Chant de la Beauté du Monde, cette rumeur de la Terre, cette vibration de la vie qui nous unit tous dans ce que nous sommes: petite partie de la grande chorale.

J'essaie de traduire en mots, pour vos yeux ce grand Chant. C'est vrai qu'à plusieurs égards, il sonne comme une oraison funèbre, le final de ce qui fut une grande tentative de développer le savoir. Mais non, je veux encore espérer. Je veux encore de la vie, pour qu'après la domination nous apprenions un peu de sagesse.

Nous sommes de la même planète, s'il vous plait, écoutez-la.