Une expérience traumatisante

Imaginez un peu: moi! Moi-même au Salon de l'auto! L'horreur absolue, ce qu'il ne faut pas subir dans la vie...

C'est que j'ai un fils de 16 ans, et à 16 ans en Amérique, surtout quand on habite pas la ville, l'auto représente la réalisation du rêve, la liberté, l'affirmation de soi, et je ne sais pas quoi en plus qui fait qu'on rêve d'utiliser le permis tout neuf, cadeau d'anniversaire obligatoire du seizième anniversaire des garçons d'ici. Pour les filles du sud des USA, c'est une paire de seins de bonne taille, mais heureusement ce n'est pas encore rendu ici.

Donc, j'ai accompagné mon fils au Salon de la tôle brillante, et de la jupette affriollante. Triste à dire, mais on vend encore des bagnoles comme des objets sexuels, et la taille des poitrines des présentatrices est proportionnelle au prix de ce qui est vendu. J'ai donc compris que je n'ai pas d'auto, parce que je n'aime pas particulièrement les seins, mais plutôt les filles qui les portent.

Il paraît que le Salon de l'auto vire au Vert, et qu'une vision plus écolo du transport des personnes est mise en vedette. Je n'ai vraiment pas, mais vraiment pas constaté la chose, et s'il y avait un kiosque en dessous d'un escalier qui présentait des voitures soi-disant éco-énergétique, ce qu'on avait mis en vedette, un énorme camion d'au moins 3 tonnes avec un moteur hybride qui ne consommait que 15 litres au cent.

De fait, pour avoir vu les kiosques des trois grands constructeurs américains, ma conclusion est évidente, vendez... si jamais vous avez des actions, vendez, ils roulent à toute vitesse vers la faillite. La plupart des moteurs en montre avaient plus de 4 litres, et la vedette était un moteur de 10 cylindres de 8 litres développant 600 chevaux, absolument indispensables pour attendre dans les embouteillages. Ce moteur de 600 chevaux n'étant pas destiné à des voitures grand sport (comment prendre une courbe avec un poids pareil à l'avant du véhicule) mais à des 4X4 grand luxe, avec de si joli chrome qu'on ne l'amènera jamais dans la forêt ( du moins, j'espère ne jamais les voir). L'Amérique ne s'est pas encore aperçue qu'il y avait une crise de l'énergie, le réveil va être très brutal.

Il paraît qu'il se prépare une grosse dépression en Amérique. Les bourses s'affolent, le dollar va encore tomber, les banques ont prêté au-delà de toutes raisons et s'étonnent de ne pouvoir retrouver leurs billes. Qui achètera ces camions, ces monstres énergivores avec un baril de pétrole à plus de 200 dollars?

Je ne pleurerai certainement pas sur le sort des banques. Je pense à tous ceux qui ont cru au rêve américain de la croissance sans limites. Ce n'est probablement pas la fin de la croissance, elle continue ailleurs, mais tous ces gens qui ont travaillé 60 heures et plus par semaine avec tant d'espoir, ce sera une triste désillusion.