Montréal est une fille

C'est le mois de mars qui nous fait les plus belles tempêtes. Et voilà elle est sur nous. Les modèles météo délirent complètement, ça va de 20 à 80 centimètres de neige. La ville est quand même très belle quand elle se pare comme ça.

Oui Montréal est une fille, une fille qui aime tellement la danse et la fête. Une Punkette, un peu vieille pour ce rôle, mais qui refuse de l'admettre. L'important, c'est que la fête dure au-delà du raisonnable, et pour cela elle est prête à braver tous les temps et tous les dangers.

Je suis un lève-tôt, alors je la vois qui retourne se coucher, le maquillage a coulé, elle est fatiguée après cette nuit où elle a dansé pour qu'arrive un printemps, où elle a aimé pour que ce soit le printemps, aimé dans un lit de hasard peut-être et peu importe pourvu qu'on aille au bout de ce qui est possible.

Parfois je la vois le soir, parée d'argent sur cuir, audace et provocation, affirmation de sa force, de sa volonté d'être malgré tout. Un excès qui l'empêche d'être vraiment aussi belle qu'elle ne l'est. Mais il faut nier ses craintes et sa douleur, il faut un masque, une image, emprunter une énergie pour que passe la nuit.

Maintenant elle dort, alors je vois les perles qu'elle cherche à cacher, sa beauté simple de femme qui aimerait peut-être n'être que cela, comment le savoir.

Dans la cour, il y a l'arbre de mon ami Omer Vit-vit, le cardinal rouge. Mais comme la tempête s'en vient, il y a maintenant une trentaine d'oiseaux venu s'y abriter et ça piaille et se chicane à qui aurait une place, la petite place bien protégée. Tantôt quand le vent soufflera intensément la neige, ce sera le silence, tout le monde accroché à sa branche à attendre que cela finisse.

Montréal est maintenant une fille qui se repose. Pas de fête ce soir, il faut attendre que ça passe. J'espère que la neige fera taire l'angoisse que souvent je lis derrière ses provocations. J'espère que ce silence lui apportera la paix.