Encore l'agriculture industrielle

J'avais arrêté d'en parler tellement j'étais sûr de fatiguer tout le monde avec cette marotte. Mais Marianne me demande de m'y remettre, comment résister? Aujourd'hui comment les subventions ont détruit la production locale.

Quand je dis m'opposer aux subventions agricoles, il y a généralement une levée de boucliers m'accusant de vouloir détruire la paysannerie. Pourtant, c'est le contraire que je cherche, je veux revoir une agriculture qui est soucieuse du sol et de la vie. Pour ça, il n'y a pas de subvention.

Les subventions agricoles sont apparues aux USA d'abord pour permettre à l'industrie de l'armement de survivre après la deuxième guerre mondiale. Les engrais azotés et les explosifs, ça se produit dans les mêmes usines et pratiquement de la même façon. Cela a produit un surplus de céréales, et surtout un surplus de maïs. Ils ont alors fait des prêts à faibles taux d'intérêt au pays en voie de paupérisation, pour vendre ces surplus. Cela a détruit l'agriculture en Afrique et nous voyons maintenant le résultat désastreux de cette politique.

C'est aussi une époque où les USA avaient besoin de main-d'oeuvre dans les usines. Tous ces gens qui travaillaient plus ou moins sur des petites fermes à peine rentables, il était temps de s'en débarrasser. On a donc réalisé des modèles de production impliquant des entreprises agricoles de plus en plus grandes, avec de grands besoins en capitaux, donc facilement contrôlables par les banques. Si l'entreprise agricole ne favorise pas la productivité maximum, les banques la vendront à quelqu'un d'autre.

On s'est vite aperçu que ce système de production n'était pas vraiment rentable, il consomme trop d'intrants (machinerie, pétrole, engrais, pesticides etc.) et comme on est toujours en surproduction le prix ne rencontre pas les coûts. Alors on subventionne les gestionnaires agricoles qui acceptent le modèle, et ils obtiendront leurs salaires à la fin de leur vie, quand ils vendront l'entreprise. Ça force aussi les entreprises à être en croissance constante. Pour la ferme laitière par exemple, on est passé de moins de 20 vaches en production ( en moyenne) en 1950, à maintenant plus de 1500. Pour les oeufs, 3 entreprises produisent plus de 90% de ce qui se consomme au Québec, et ils exportent.

Si j'ai bien compris, en Europe les modèles subventionnés sont un peu moins productivistes. Mais quand même, le rêve d'aller élever des chèvres ou des moutons est maintenant impossible. Sans les subventions agricoles, les prix obtenus ne rencontrent pas les coûts, et si on ne respecte pas la façon de faire on a pas les subventions nécessaires pour simplement survivre. Soyons clair, le but des subventions agricoles est de faire en sorte que seuls ceux qui acceptent de faire le jeux des géants de l'agro-alimentaire survivront.

On me dira que présentement, j'ai tort. La hausse très rapide des produits agricoles permettra peut-être l'émergence de nouvelles façons de produire. Peut-être mais j'en doute. Le prix du sol agricole est tellement élevé et grimpe actuellement plus rapidement que le prix des produits, si bien qu'encore une fois ce sont les banques qui vont décider qui produit et comment.

Alors pourquoi ne pas construire un modèle d'agro-buisness Bio? Il existe, mais il ne s'étendra pas, les trans-nationales des engrais et pesticides ne le permettront pas. Mieux, les consommateurs n'ont qu'à n'acheter que du bio... encore une fois, si la demande augmente les prix vont s'envoler et qu'une minorité de bien-nantis pourra se le permettre.