Encore l'agriculture industrielle
dimanche 30 mars 2008, 22:23 General Lien permanent
J'avais arrêté d'en parler tellement j'étais sûr de fatiguer tout le monde avec cette marotte. Mais Marianne me demande de m'y remettre, comment résister? Aujourd'hui comment les subventions ont détruit la production locale.
Quand je dis m'opposer aux subventions agricoles, il y a généralement une levée de boucliers m'accusant de vouloir détruire la paysannerie. Pourtant, c'est le contraire que je cherche, je veux revoir une agriculture qui est soucieuse du sol et de la vie. Pour ça, il n'y a pas de subvention.
Les subventions agricoles sont apparues aux USA d'abord pour permettre à l'industrie de l'armement de survivre après la deuxième guerre mondiale. Les engrais azotés et les explosifs, ça se produit dans les mêmes usines et pratiquement de la même façon. Cela a produit un surplus de céréales, et surtout un surplus de maïs. Ils ont alors fait des prêts à faibles taux d'intérêt au pays en voie de paupérisation, pour vendre ces surplus. Cela a détruit l'agriculture en Afrique et nous voyons maintenant le résultat désastreux de cette politique.
C'est aussi une époque où les USA avaient besoin de main-d'oeuvre dans les usines. Tous ces gens qui travaillaient plus ou moins sur des petites fermes à peine rentables, il était temps de s'en débarrasser. On a donc réalisé des modèles de production impliquant des entreprises agricoles de plus en plus grandes, avec de grands besoins en capitaux, donc facilement contrôlables par les banques. Si l'entreprise agricole ne favorise pas la productivité maximum, les banques la vendront à quelqu'un d'autre.
On s'est vite aperçu que ce système de production n'était pas vraiment rentable, il consomme trop d'intrants (machinerie, pétrole, engrais, pesticides etc.) et comme on est toujours en surproduction le prix ne rencontre pas les coûts. Alors on subventionne les gestionnaires agricoles qui acceptent le modèle, et ils obtiendront leurs salaires à la fin de leur vie, quand ils vendront l'entreprise. Ça force aussi les entreprises à être en croissance constante. Pour la ferme laitière par exemple, on est passé de moins de 20 vaches en production ( en moyenne) en 1950, à maintenant plus de 1500. Pour les oeufs, 3 entreprises produisent plus de 90% de ce qui se consomme au Québec, et ils exportent.
Si j'ai bien compris, en Europe les modèles subventionnés sont un peu moins productivistes. Mais quand même, le rêve d'aller élever des chèvres ou des moutons est maintenant impossible. Sans les subventions agricoles, les prix obtenus ne rencontrent pas les coûts, et si on ne respecte pas la façon de faire on a pas les subventions nécessaires pour simplement survivre. Soyons clair, le but des subventions agricoles est de faire en sorte que seuls ceux qui acceptent de faire le jeux des géants de l'agro-alimentaire survivront.
On me dira que présentement, j'ai tort. La hausse très rapide des produits agricoles permettra peut-être l'émergence de nouvelles façons de produire. Peut-être mais j'en doute. Le prix du sol agricole est tellement élevé et grimpe actuellement plus rapidement que le prix des produits, si bien qu'encore une fois ce sont les banques qui vont décider qui produit et comment.
Alors pourquoi ne pas construire un modèle d'agro-buisness Bio? Il existe, mais il ne s'étendra pas, les trans-nationales des engrais et pesticides ne le permettront pas. Mieux, les consommateurs n'ont qu'à n'acheter que du bio... encore une fois, si la demande augmente les prix vont s'envoler et qu'une minorité de bien-nantis pourra se le permettre.
Commentaires
Des fois comme toi j'ai l'impression désagréable de pédaler dans la semoule!et ,J'ai pas assez de pois chiches pour faire de la polenta!
Beh non, si tu pars du principe que les subventions servent uniquement a acheter des engrais, tu as raison.
Mais c'est pas plus facile d'interdire les engrais? Plutot de couper les vivres a tout le monde?
Les subventions peuvent pas etre une bonne chose si elles servent a rendre plus attractive un metier deserte par les jeunes parce qu'etre paysan (mis a part ceux qui font du bon vin), ca veut dire:
- Souvent, ne pas etre reconnu sur le plan social
- Toujours, avoir une vie de sacrifices
- La plupart du temps, ne pas rouler sur l'or, a moins de vendre petit a petit la terre heritee aux promoteurs
MAIS je sais pas, ce que je dis c'est juste valable pour les paysans que je connais.
Les subventions c'est comme la charité cela ne rend pas ni autonome ni objectif . Cette façon de faire ne règle en rien les problèmes qui se reportent dans le temps .
Il y a en plus un sérieux manque d'éthique au niveau des subventions attribuées à certains secteurs pour conserver l'électorat, la paix sociale ou tout bêtement aider les multinationales a engranger les dividendes pour le bonheur des actionnaires sans considération aucune des désastres qu'elles peuvent engendrer au niveau d'autres pays . Je suggère une subvention pour l'achat d'une longue vue pour tous les décideurs de la planète et si les résultats ne sont pas au niveau de l'attente je ne demanderai aucune subvention et serai prête à payer moi même la machine à leur botter l'arrière train .
Merci pour le billet Moukmouk .
Marianne--) Avec les dégats que ça fait dans les pays pauvres, pas sûr que je veux encore voir des subventions au Nord.
Drenka--) Les subventions ce n'est pas pour les engrais mais pour interdire les autres façons de produire, pour que seulement le modèle productiviste qui détruit l'environnement soit économiquement viable. Et puis les paysans ne sont pas si pauvre que cela, ils réalisent leurs salaires après 15-20 ans de travail quand ils vendent l'entreprise.
Véro: ( c'est vrai) mais tu fais de la polenta avec des pois chiches? moi c'est avec du maïs...
Tu vois a quel point je pedale dans la semoule!C'est grave? dis?
Beh je t'ai dit, je sais pas, je dis ca uniquement pour les paysans que je connais.
Ceux que je connais, ils sont pas bien riches (Et ils vendent pas, ils gardent pour leurs enfants).
Marianne68>> D'accord sur le fait que les subventions sont la plupart du temps mal reparties et manquent de transparence.
De la a dire que c'est comme la charite, c'est pas un peu extreme? C'est le discours des ultra-liberaux ca une peu: Celui qui est pas rentable, il creve, de toute facon il finira par crever alors autant pas faire de reanimation.