Reprise du dimanche: l'oiseau Journaliste

Je regarde les bleuets de Leeloolene et je suis trop trop jaloux. J'espère qu'elle va trop en manger et être malade, la prochaine fois ça lui apprendra à m'inviter pour manger un truc pareil. Alors par pure méchanceté, je ressorts l'oiseau journaliste.

Dans le Nord de l’Amérique, il suffit de se présenter à l’orée d’une forêt et rapidement on a les dernières nouvelles. La nouvelle la plus récente étant qu’on entre dans la forêt. Potineur sensationnaliste, il se tient à la marge, pour crier la nouvelle à ceux de la forêt, et s’il n’y en a pas, ne vous inquiétez pas, il en inventera.

Ce matin, le geai bleu à quitté son territoire pour venir m’annoncer les grands évènements, sans doute trouve-t-il que son public se faire rare avec les changements imminents. Je le vois à ma fenêtre très à la vue, me regardant et répétant son chant. On dit qu’il cajole, et fringulote. Cela ne correspond pas vraiment avec ma définition du cajolement. Il y met une telle insistance que je me dois de sortir. Il change de branche, le messager a peur qu’on tire sur lui, et me crie sa nouvelle. Oui, bon je le savais, j’espère qu’il n’a pas fait un très long voyage juste pour ça. Demain, il va neiger, demain, il va neiger. Mais c’est comme ça, il fait son devoir et cherche un public pour le faire.

Le geai bleu sait qu’il est beau. Un assez gros oiseau d’une centaine de grammes, il est plutôt rondouillard, mais préfère se montrer sous des angles qui cachent son ventre proéminent. Je ne peux pas lui en vouloir, tentant moi aussi de cacher cet excès. Mais sa belle coiffe bleue nous fait vite oublier les petits travers. Le bec et les pattes sont totalement noirs, ce qui donne un air soigné. C’est que comme journaliste, il fréquente le grand monde, et on doit être vêtu pour être remarqué.

A’toshka reconnaîtra une photo que nous avions échangée quand on cherchait à identifier un geai du Pacifique particulièrement timide. J’espère que c’est une de mes photos, mais dans le dossier où je l’ai trouvé, il n’y a pas d’identification, et c’est le seul souvenir que j’en ai.

Une particularité, même s’il accepte de vivre en bande, il demeure un individualiste. Il n’hésite pas à voler les noix et les graines de ses congénères, et même les œufs et les nids des autres oiseaux. C’est aussi pour cela que je l’appelle l’oiseau journaliste : amicaux en bande aux conférences de presse, mais prêt à n’importe quoi pour voler le scoop aux petits copains.