Nouilles à la japano-marseillaise

Nous sommes à un siècle de mixité extrême. Et je me suis retrouvé avec une drôle de recette en construction, alors si vous avez des idées...

Mon fils, Louis le Magnifique, aime bien me lancer des défis. Hier, il voulait des boks choy à l'anis. Je gage qu'il ne savait pas vraiment ce que cela peut donner mais simplement que je me casse la tête pour trouver quelque chose. Dans ces circonstances (pas vraiment exceptionnelles) la première chose à faire est d'ouvrir grand ses armoires et son garde-manger à la recherche de ce qui traine. Parce que tant qu'à inventer quelque chose aussi bien le faire avec des trucs qui encombrent.

Ah! voilà! J'ai des nouilles soba (farine de sarrasin) alors ce sera des nouilles japonaises! Pour que ce soit japonais, ça prend des algues et du poisson. J'ai des wakamés ( l'algue verte de base) et des grosses crevettes congelées... des grosses crevettes asiatiques comme je n'en achète jamais, parce qu'on défonce la mangrove pour en faire l'élevage et que les étangs qu'on creuse pour les élever deviennent rapidement saturés en azote. Je ne pense pas qu'il y ait plus efficace pour tuer toute vie et provoquer d'immenses dégâts au littoral en cas de tempêtes. Mais on me les a donné, il serait encore moins écologique de les jeter et de polluer en plus dans un site d'enfouissement. Pour le reste, je vais au marché.

Au marché, j'ai rendez-vous avec Nanouk, qui est la petite soeur de Bismarck et sont les filles d'une dame de la Wollustuk. C'est 1950, il y a encore des pensionnats autochtones, beaucoup de ceux de la forêt donneront à des familles des villages, leurs enfants pour leur éviter d'être battus et violés dans les écoles pour sauvages. Cette jeune fille deviendra une femme magnifique et à l'université son professeur, un français, tombera en amour avec elle. Et c'est comme ça qu'il y a des franco-Malécites.

Je peux vous certifier que ça fait un très beau mélange, et en lisant le blog de Nanouk, vous sentirez une intelligence curieuse des cultures et des gens, une subtilité qui cherche à comprendre plutôt que juger. Alors moi je suis content. Mais revenons aux nouilles ( ça n'a rien à voir avec Nanouk).

Pour les nouilles, il y a des Bok choy, du céleri, beaux poivrons rouges, des champignons ( des morilles à 140E le kilo, pas cher, mais trop cher pour moi) et j'ai des onions à la maison. On cuit les nouilles, on fait tomber les légumes dans le Wok et je parfume à l'huile et aux graines de sésame. Je monte les assiettes et tout le monde hurle d'en mettre très peu, une petite assiette... Ils vont tous revenir et finalement je n'en ai pas fait assez. J'ai servi ce plat foisonnant juste avant une caille sur sa tranche d'orange avec quelques têtes-de-violon ( une fougère) comme accompagnement. C'est la caille qui avait franchement l'air japonaise. J'avais promis des photos, mais dans le feu de l'action, je n'ai pas pu.

En mettant les assiettes sur la table je me souviens que le défi c'est bok choy et anis. Donc je rajoute quelques goutes de pastis là-dessus. Bon dieu! Le plat s'éclaire complètement et ce qui est bon devient franchement très agréable, nouveau, original... oursique quoi!

Oui je suis franchement pour les mélanges. Et la nouille japano-marseillaise est presque aussi belle que la fille franco-malécite. J'aimerais beaucoup ( si ça vous amuse) que vous tentiez cette recette à votre manière, je n'ai pas mis les quantités parce que je ne mesure rien, mais surtout parce que je ne sais pas encore ce que seront les bonnes proportions, j'espère la trouver avec vous. C'est la recette japano-marseillaise, la recette franco-malécite, c'est beaucoup plus délicat à réaliser.