Qui ça moi?

Le fichu problème de l'identité, encore une fois. Des questions complexes qui n'ont probablement pas de réponses, mais pourtant, je ne peux pas en faire abstraction.

Nanouk, l'ourse gentille qui se prétend méchante parce qu'elle a déjà grondé un peu jadis ( je ne suis pas capable de l'imaginer en colère, mais je ne tenterai pas pour autant de déclencher un orage), nous a conseillé de relire : « les Identitées meurtrières » d'Amin Maalouf. Je l'ai fait, je reste tout autant en questionnement, mais ce n'est pas un sujet que je peux balayer sur le tapis, alors je vais encore une fois tenter de poser des jalons.

Je l'ai relu en même temps qu'il y avait ici, une commission d'enquête, un grand exercice de réflexion sur cette question. Un exercice qui n'a pas débouché on s'en doute bien, parce qu'ici, les réponses seraient inacceptables. Le projet des Québécois, c'est de vivre en français (dans son français) en Amérique. C'est un projet difficile à soutenir parce que c'est économiquement handicapant, et que cette langue correspond à une culture très différente de la culture française.

Ce serait trop long à démontrer ici, mais à mon avis, beaucoup plus qu'Américains, les Québécois sont de cultures amérindiennes, de la culture de ceux de la forêt. Mais comme tant les curés que les élites ont toujours présenté les Amérindiens comme des barbares, des incultes paresseux et ignorants, pire que les nègres parce qu'eux au moins, ils supportent l'esclavage... c'est bien difficile d'accepter la part amérindienne de son identité. Pourtant, c'est bien ce trouble, ce manque d'affirmation, qui fait ce pays si agréable à vivre, « malgré le frette et les moustiques. »

Il reste que je trouve le problème mal posé. Qui est ce « je » que je tente de définir? Il paraît que si je pouvais me téléporter d'un coup, les gens autour de moi prendraient un certain temps à s'en apercevoir, parce que la couche de peaux mortes, microbes, virus, bactéries, etc... que j'ai sur la peau, garderait ma forme un certain temps avant de disparaître. A moins qu'on considère comme « moi » aussi toute cette couche de peaux mortes et autres trucs.

Et puis mon odeur, si importante dans l'opinion que vous avez de moi, ne resterait-elle pas assez longtemps après que je sois téléporté? Et quand je parle d'odeur, je ne parle pas de la perception consciente, mais de l'ensemble des messages chimiques qui permettent de savoir qui est l'ami, qui est l'ennemi, le semblable, l'autre, le dominant, le suffisant, le sincère, le....

Mais je suis encore plus les liens qui me lient aux miens. C'est dans les petits détails que vous percevrez de quel clan je suis, ce qui vous permettra ou non de me faire confiance.

Je suis plus, beaucoup plus que le « je » qui se pense de Descartes. Je participe à un nous qui devrait me soutenir et me défendre. Mais le monde moderne m'a isolé de mon « nous », si bien que je ne sais plus qui je suis, et que parfois, cette solitude s'effondre sur elle-même ( ma définition de la dépression).

Je ne sais toujours pas qui je suis, mais depuis que je sais que j'ai besoin des autres pour vivre, cela me m'a vidé de ce trop plein de moi, pour me remplir de la joie de vous rejoindre.