Moukmouk de Pohenegamouk

Remarquez qu'il y a une certaine logique à la chose. Si la dame est maman, elle a probablement été coquine par le passé, enfin je l'espère, et j'espère que ça continue parce que la vie serait bien moche autrement. De même si les oiselles ne sont plus volages, le ciel sans oiseaux sera bien triste.

J'ai déjà parler quelques fois de Charlotte la dame Colvert qui vit près de la ouache. Chaque année, il se produit un cérémonial important dans notre relation. Elle vient me présenter ses enfants. Enfin ceux qu'elle a réussi à sauver de de l'aigle et des nombreuses bêtes qui adorent les canetons. Elle pond une douzaine d'oeufs mais il n'y a que 2 ou 3 canards qui se rendent à maturité.

Bien sûr, je les ai souvent vus ces canetons, je les nourris depuis plus d'un mois. Mais la cérémonie de présentation est plus solonnelle. J'étais à cueillir des fleurs de tilleul pour la tisane (et la bière de tilleul) quand j'entends plusieurs couacs puissants. Bon les canards ont faim. J'attrape le bout de pain, la caméra et je descends... Tout de suite je vois: d'habitude elle laisse ses cannetons devant parce qu'ils sont affamés. Là, c'est l'inverse : elle est entre la rive et ses petits et avec moulte « coucoucou » et « rhui--rhui » tente d'organiser sa troupe pour la rendre présentable. Les canetons ne sont pas des soldats et probablement encore plus indisciplinés que vos enfants, mais elle réussit quand même à ce qu'il y ait un peu d'ordre.

« Bravo Charlotte, franchement tu deviens une mère experte, tu en a sauvé quatre cette année, et les plus beaux. C'est vraiment un exploit. » Je la vois frissonner du cou, bon signe! Elle est vraiment contente. Mais elle mérite ces félicitations. Dur métier que celui de cane, surtout que les mâles de la famille Anas, ont de grandes préférences pour les garçons et une fois le devoir conjugal accompli, vont batifoler entre amis dans la rivière assez loin des problèmes familiaux. Remarquez que les filles ne sont pas vraiment en reste et trouvent des méthodes pour profiter de la vie elles aussi.

Mais là, c'est un peu exagéré :

Ce n'est pas tellement de se replacer une plume sur la cuisse qui est le problème, mais bien de me montrer son beau miroir d'aile presque mauve... C'est l'équivalent de se pencher avec élégance pour montrer au garçon que le décolté plongeant ne cache pas du synthétique.

Non Chalotte, je veux bien être ton amie, mais enfin... il y a incompatibilité non?