Abeilles laborieuses

L'été dernier très pluvieux n'a pas aidé nos petites amies à passer l'hiver.

Du Sud vers le Nord, les ruches se réveillent. Pas toutes, il y a beaucoup de mortalité. C'est très variable d'un rucher à l'autre sans qu'on sache vraiment pourquoi. Les pertes varient de 15 à 90% selon les producteurs. On fera sans doute des études, encore des études et toujours des études, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'abeilles. Ce qui me console c'est que plus on monte vers le Nord, moins les pertes sont importantes. Soit c'est une maladie qui vient du Sud, soit les abeilles du Nord ont fait de meilleurs choix.

C'est qu'on constate que l'automne dernier, plutôt que de préparer des couvains les abeilles ont beaucoup butiné pour emplir les réserves ( accumuler le fric plutôt que les enfants, ça me dit quelque chose, mais quoi?). Il n'y a pas assez eu de naissance pour remplacer la mortalité naturelle, et donc pas assez d'abeilles pour garder une température convenable dans la ruche, elles sont toutes mortes de froid. Certains producteurs attentifs avaient prévu le coup en vidant des ruches pour en renforcer d'autres.

Il semble que ce soit les abeilles qui butinent dans les champs de maïs qui soient les plus affectées. Le maïs transgénique BT ? les Varoa ? Les insecticides de synthèse enrobant les graines ? Ou ce nouveau champignon un Nosema ceranae qui se répand du Sud vers le Nord? Les tours de téléphonie sans fil qui sont maintenant partout même dans les campagnes les plus reculées? Même à Pohénégamouk depuis un an, c'est dire qu'il y en a partout. Et puis il y a ceux qui disent que c'est multifactoriel, autrement qu'on ne saura jamais et que bientôt, il n'y aura plus d'abeilles.

Ça me donne le goût de formuler une hypothèse... Il y a quelques semaines j'ai lu les résultats des travaux d'une très patiente docteure Dormhaus je crois, dans une revue scientifique. Malheureusement j'ai perdu la revue. Elle étudie les insectes sociaux en les marquant individuellement... gros gros travail, mais profitable.

C'est pareil partout, alors regardons chez les fourmis. On s'aperçoit que les fourmis laborieuses ne sont pas si laborieuses que ça. Il y a des très zélées ( moins de 5%), des par très zélées et des pas zélées du tout. La même tâche peut être faite en moins d'une minute par une zélée à une bonne heure par celles qui aiment prendre les temps. Elle dit aussi que les spécialistes sont ceux qui ne peuvent pas faire autre chose, et qu'ils ne le font pas mieux que les non-spécialistes. Il me semble que j'ai vu ça quelque part à Montréal.

Alors mon hypothèse, la vie des abeilles est de plus en plus difficile pour un tas de raison, alors les abeilles zélées se sont dit qu'il y en avait vraiment, mais vraiment assez de se casser le cul pour la majorité qui en profite et qu'on va faire son petit beurre tranquille en se foutant des autres...

C'est juste une hypothèse comme ça... je n'ai rien pour la vérifier.