Moukmouk de Pohenegamouk

On fait une très mauvaise réputation aux Parisiens. Oui, c'est une grande ville, très dense où on perd beaucoup de temps à se déplacer. Mais allez voir San Paolo ou Tokyo pour comparer et vous comprendrez bien. Je veux ici souligner et féliciter les efforts du Maire de Paris pour emmerder tant qu'il peut les automobilistes. Faire les livraisons, entrer et sortir de la ville, il y a ce qu'il faut, pour le reste, utiliser les très bons transports en commun. Oui je sais parfois ça pue grave et porter une grande partie de l'humanité sur nos pauvres petits pieds, c'est pénible. Mais toutes les autres solutions sont pires...

Je ne sais pas si je me trompe, mais je pense que le mode d'élocution provenant du Proche-Orient influe sur le climat de la ville. Avez-vous remarqué ? Il s'agit de façon de pousser sur la phrase de façon à imposer le discours, de lancer l'affirmation sous une forme de défi, de tenter par le ton d'appuyer les mots par une menace à peine voilée. On assimile trop facilement ce mode d'élocution au parlé « Djeune », j'ai constaté que presque partout le débit de la langue a été modifié. Même les hôtesses d'Air France n'ont plus la voix qui me mettait en transe dans les années 70 et 80.

Par contre, il m'est arrivé plusieurs fois de trouver des sourires aux endroits les plus improbables. Par exemple, cette très belle jeune fille et qui en est parfaitement consciente, habituée de se faire aborder cent fois par jour par des importuns de mon espèce, elle ne les entend même plus. Alors, je sors mon accent québécois le plus évident et je dis :

--« Madame, j'sus pardu!! » elle s'arrête, se retourne en me sourit. « Vous cherchez ? »

Vous admettrez que ça suffit pour être heureux et considérer la ville de Paris comme un endroit tout à fait agréable à vivre. Je n'ai plus besoin de peser sur mon accent tant il suffira de bien indiquer que je ne suis pas un quelconque individu de la terre, mais un Québécois... Fiou ! Quel choc ! Moi qui ai toujours craint les tribalismes, voilà que je suis reconnu sur une base ethnique. Vous me direz que je ne peux pas nier que je viens de quelque part. Ce n'est pas mon intention. Mais il doit y avoir quelque chose dans l'air de mon pays qui plait au Parisien.

Non, après plusieurs semaines je vous jure que j'ai trouvé les Parisiens aimables, souriants et toujours prêts à vous aider, même si les renseignements fournis sont parfois disons imprécis. Je vous conseille donc à tous de pratiquer activement l'accent québécois.

J'ai survécu à Paris, je me demande seulement si je vais survivre sans ma Parisienne.