Petit retour sur L'école

Des lectures récentes, et surtout un article de La Presse, me ramènent à la question des objectifs de l'école.

Jusqu'à la fin du vingtième siècle, la première fonction de l'école était de déterminer ceux qui auraient droit au pouvoir et ceux qui se retrouveraient à l'usine. Le but de l'école était de sélectionner une élite. L'école n'avait pas besoin d'être excellente, les enfants des classes dirigeantes avaient chez eux, les outils pour se démarquer et devenir meilleurs que la moyenne. Ne pas oublier qu'au Québec en 1960, le taux de ce qu'on appelle aujourd'hui le décrochage scolaire était de l'ordre de 80%.

Et puis la transformation économique fait que maintenant, nous avons besoin d'ouvriers qui savent lire, de techniciens capables de calculer, lire un plan. C'est pour cela qu'il a fallu rehausser le niveau de l'école et tenter de scolariser ceux qu'avant on expulsait. C'est dans ce contexte que l'OCDE a mis en place les fameux test PISA pour mesurer non pas si le système scolaire d'un pays produit plus de doctorants ou de prix Nobel, mais le niveau de compétence en lecture, compréhension, mathématique pour les jeunes de 15 ans.

Ce n'est pas trop étonnant que le Canada ( et particulièrement le Québec, « l'effet garderie ») que ce retrouve dans les positions de tête, les principes d'égalité des chances et de démocratie sont très valorisés ici. Ce n'est pas trop étonnant que les USA se retrouvent en queue de peloton avec son système d'écoles privées hyper-élitistes et une école publique laissée à l'abandon.

Je vous conseille fortement ce petit film (surtout les 5 premières minutes) de Christian Baudelot, qui explique très bien les termes du débat, et pourquoi l'école républicaine française se retrouve dans la moyenne.

La ministre de l'Éducation du Québec insiste sur le retour des examens, des notes comparatives, de la valorisation de l'effort. Bien sûr, il est très important que l'enseignant puisse mesurer et connaître les lacunes dans les compétences acquises (ou pas) des élèves. Mais des milliers et des milliers d'études l'ont démontré, le premier résultat des examens est d'exclure de l'école les élèves qui ont des difficultés. L'échec scolaire, la dévalorisation, et l'abandon, voilà le vrai résultat des examens comparatifs. Alors quand la ministre Courchesne parle de ramener les examens pour favoriser la persévérance scolaire, il y a comme ne contradiction.

Si on se fie à l'exemple de la Finlande qui brille en première place des systèmes scolaires, les enseignants d'ici ont d'abord besoin d'être entourés de spécialistes pour aider les enfants qui ont de grandes difficultés. On veut scolariser le plus grand nombre d'enfants, mais l'enseignant se retrouve devant le choix tragique de délaisser les enfants à problèmes ou de délaisser les enfants les meilleurs. La solution n'est pas d'extraire les enfants à problèmes des classes mais de donner à l'enseignant le support dont il a besoin.