Montréal Chromée.

Le grand prix de Montréal, un drôle de temps pour revenir.

Il y a une évidence déjà dans l'aéroport en descendant de l'avion, les quatre langues des Amériques sont presque à parts égales avec un peu moins de Brésilien et un peu plus d'Anglais. Dans les rues de l'ouest de la Ville, c'est encore plus évident, les grandes voitures de sport bien astiquées promènent des filles tout aussi bien astiquées, vitrine d'une société de la surabondance. C'est la grande fin de semaine de la formule 1 et la moitié de la ville boit du champagne en montrant le plus de peau possible.

L'autre moitié de la ville chante aux Francofolies. Rien de la pétarade et du bling-bling, et je trouve les filles sans silicone et maquillage plus jolies. Une question de qualité de sourire sans doute. Ce n'est pas la grosseur des seins, mais bien davantage la façon de les porter qui fait la beauté. Et tout autant la façon de les regarder. Chose certaine, Montréal sait faire la fête.

J'ai déjà écrit que Montréal ressemble souvent une punkette fatiguée de sa nuit de fête. Deux fête en même temps, de quoi la rendre heureuse. Une fête pour chanter la force du dollar qui achète tout, la force du dollar-sexe bandé et une fête pour la poésie des mots et des chansons. Montréal n'est ni l'un ni l'autre mais les deux en même temps, la vigueur insolente de la culture commerciale avec une âme à la tendresse.

Oui, j'aime mieux la tendresse, mais on ne peut pas choisir. J'aime Montréal et donc je dois aimer Montréal en entier, dans tout ce qu'elle est, quelques soient ses folies et ses excès. Après la fête, elle vient parfois pleurer dans mes bras, et je n'ai pas à la juger parce que moi aussi j'ai parfois plongé dans tous les excès avec l'espoir de noyer des émotions trop fortes pour que je les assume.

Ce serait stupide de fermer mes fenêtres en attendant que ça passe. Au contraire, je veux sentir et comprendre ce qu'elle vit, sa folie n'est que passagère. Et si Montréal est une des villes les moins violentes du monde, c'est peut-être qu'elle sait fêter et danser à l'excès ses malheurs comme ses bonheurs.