Revient-on ?

Je suis revenu... enfin, je me demande qui est venu de nouveau. Peut-on revenir ? Est-ce que ça sert à quelque chose de revenir ?

Tout le monde rêve de partir. Laisser là les tracas de la vie quotidienne, laisser là les vieux problèmes qu'on ne sait pas résoudre et qui nous pourrissent la vie. Laisser là ce qu'on appelle la réalité, et qui n'a pas grand-chose de réel tant on est habitué de s’accommoder de petits mensonges, de fabrications de nos histoires, si pleines de « il a dit », « elle a dit », « j'ai bien vu que » et de « je sais que », alors qu'on sait si peu des autres, que ce qu'on croit si bien voir est souvent une construction de notre esprit, et que nos oreilles entendent beaucoup plus notre bavarde intérieure que les vrais mots dits par l'autre si cher, et pourtant qui nous fait si souvent de la peine alors qu'il cherche à nous faire du bonheur.

Je suis parti à la recherche de quelque chose que je n'arrivais pas à définir. Mais je sais maintenant pourquoi, je me cherchais comme toujours, une nouvelle tentative pour mettre des mots sur ce que je suis. Tentative toujours aussi infructueuse parce que comme tout le monde je suis un tas d'entre-deux que les mots ne sont pas capables d'exprimer. Et puis celui qui revient est forcément différent de celui qui est parti.

Par contre, j'ai fait une révision complète du bouquin que je suis en train d'écrire et j'ai rajouté une centaine de pages. Du temps pour que mes personnages s'expriment, soit moins dans l'action à tout prix et plus dans le ressenti. Et cela j'en suis très très fier.

J'ai aussi écrit passablement de textes sur la forêt, sur les gestes de tous les jours, sur le monde sans être entouré de tous les outils, machins et machines qui font ce que nous appelons le quotidien. Une cuisinière qui chauffe quand on tourne un bouton, un lave-linge, et les commerces avec les trésors et les mirages... Je ne sais pas si tout cela se retrouvera saucissonné en billets pour le blogue, mais il y en aura certainement.

Merci, merci pour tous les commentaires et les pensées douces pendant que je ne pouvais vous lire, j'ai beaucoup senti votre présence. Quand je penserai à nouveau à ne plus tenir le blogue parce que ce n'est plus à la mode, ou que je n'ai plus rien d'intéressant à écrire, je repenserai à ce mois où vous m'avez beaucoup manqué.

Je ne suis pas revenu. Parce que celui qui écrit est différent de celui qui est parti. Mais j'ai encore bien des mots pour vous, des mots tendres, des mots compliqués parce que je ne réussirai pas à tout dire, des façons de tourner autour du pot parce que je cherche encore l'ouverture.

Mais je sais plus que jamais qu'écrire est ce que je préfère de la vie, et que le lien que cela crée avec vous est plus important que tout ce que j'ai pu vivre.