Une suite, le mariage.
mercredi 9 mars 2011, 20:48 Ecolo Lien permanent
Au billet d'hier, j'ai reçu une réponse disant : le mariage c'est de la prostitution. Non, pas vraiment.
Il faut vraiment séparer les deux trucs. L'amour c'est le processus biochimique qui permet à une femelle (quelle que soit l'espèce) de choisir un reproducteur, et par un rituel de stimuler le désir d'accouplement chez les deux partenaires. Les parades nuptiales de plusieurs espèces d'oiseaux, l'extraordinaire effort des saumons remontant les rivières, sont de bons exemples de la chose.
Cela semble réduire l'amour à la reproduction. Mais quand les petits humains découvrent ce bonheur à la puberté ( et l’œdipe à 3-4 ans? Une première découverte de ce bonheur? Un reste des rituels chez les mammifères claniques?) ils chercheront à reproduire cette immense joie tout au long de leurs vie. Certains vivent des désastres amoureux qui bloquent cette joie pour un certain temps. Phénomène nouveau dans l'histoire des humains, nous survivons à notre état de reproducteurs. Et par chance, même si nous ne pouvons plus nous reproduire, le plaisir amoureux, les processus chimiques qu'il faut pour se retrouver dans la même joie perdurent au-delà et même vieux nous pouvons être amoureux. Je ne m'en prive pas. Il ne faut pas croire que l'amour soit le propre de l'homme, chez les primates, le bonobo est nettement supérieur à nous dans ce domaine, et les dauphins font pour le moins aussi bien que nous. Quant aux loups... c'est tellement complexe que j'ai peur que mes observations soit bien en-dessous de la réalité.
Le mariage c'est une organisation économique (donc lié à une culture) qui permet de faciliter la survie (alimentaires et autres) et la protection des petits. Plusieurs espèces séparent l'amour et « le mariage », les canards et les animaux vivant en grandes hardes sont de très bons exemples.
Je reste persuadé que le mariage nucléaire (maman-papa et les enfants) est la pire forme de cette organisation économique, le nombre d'humains malheureux et de divorces devraient être des signaux forts de ce que j'avance. D'une part parce qu'elle n'assure ni la sécurité alimentaire ni la protection des petits contre les prédateurs, et surtout parce que la charge de l'élevage des petits est trop mal répartie.
Bien sûr il faut que les pères s'impliquent davantage dans l'élevage, ils se privent d'immenses plaisirs, mais ça ne suffit pas. À cause de l'allaitement, l'élevage des petits est beaucoup plus la tâche des femelles chez la plus part des mammifères. Mais dans la très grande majorité des cas, ces dames s'organisent en petite communauté, pour se sécuriser et pour partager le fardeau. Ce partage évite aux petits de se retrouver avec une mère épuisée et angoissée.
Je crois qu'il est là le piège, dans le mariage nucléaire. Le premier but de cette organisation n'est pas d'assurer la survie des petits, mais plutôt de contrôler la sexualité des filles pour empêcher une diversité génétique.
De meilleures modèles? Dans de prochains textes.
Commentaires
Le mariage je croyais que c'était juste pour changer son nom lorsque celui d'origine ne plait pas ?
Et ben voilà. La prochaine fois qu'on me demande pourquoi je n'ai rien pour le mariage, je saurais quel billet citer en illustration de mes propos !
Cette suite de billets est très intéressante et met en mots ce que j'essaie souvent de formuler de façon maladroite.
Marianne68 > en France en tout cas, il n'y a absolument aucune obligation pour l'épouse de prendre le nom de son mari, au regard de la loi, le seul nom reconnu est celui de naissance. Prendre le nom de son époux, c'est se choisir un nom d'usage, point à la ligne.
Tu ne vas pas faire l'apologie de la polygamie, tout de même?
Bismarck--) ça m'étonnerait beaucoup...
Llyn + Marianne--) et au Québec, c'est même impossible de changer de nom de cette façon.
Anne--) Il y a certainement d,autres façons d,assurer la sécurité des petits sans brimer les droits des mères.
Moi je le vois comme une organisation administrative qui vient officialiser devant le reste de la société un "pacte" passé entre un homme et une femme.
Ce n'est à priori pas cette officialisation qui pose souvent problème, c'est la teneur du pacte passé, le décalage entre les attentes.
Les couples qui ne se marient pas se séparent tout autant...
Je me rapproche de ta pensée, je pense en disant que pour moi ce n'est pas la notion de mariage "nucléaire" qui pose problème, c'est l'organisation du groupe élargit qui fait que l'élevage des enfants ne repose plus que sur le couple parental... Et pour certains seulement sur la mère.
PS. Comme beaucoup d'autres femmes je n'ai pas changé de nom en me mariant et nos enfants portent nos 2 noms.
Je rejoins ce que dit Tili
=>"ce n'est pas la notion de mariage "nucléaire" qui pose problème, c'est l'organisation du groupe élargit qui fait que l'élevage des enfants ne repose plus que sur le couple parental... Et pour certains seulement sur la mère."
J'ai un mari qui se lève la nuit pendant que je dors pour récupérer, qui fait les repas et m'aide à la maison autant que nécessaire.
J'ai des amis, une particulièrement mais pas seulement, qui m'aident avec mon fils quand ma santé défaillante et handicapante ne me permet plus d'être là pour mon fils comme je le voudrais.
Je ne suis pas seule, je suis entourée. Et c'est ce noyau de soutien qui permet à mes journées et à ma famille de rester sereine autant que faire ce peu. Si mon stress est trop grand, j'ai de l'aide..
Le mariage m'a permis d'assurer une sécurité certaine, seule légalité mise en place. Le reste.. c'est une affaire d'humains et de partage
tili-+-Plume--) Bien sûr, il y a des couples qui sont heureux ensemble pour de longue durée... le contraire serait vraiment une catastrophe.
Et tant mieux si on réussit à bâtir un réseau d'entraide qui permet de passer à travers l'élevage des petits sans se tuer ni déprimer. Il y a même des femmes assez fortes pour élever et nourrir des enfants seules en gardant le sourire... magnifique!
Mais il reste le problème écologique que le mariage théoriquement limite les géniteurs à un seul pour la durée de la vie reproductive d'une femme. Ce qui ne favorise pas la diversité.
Il y a des espèces pratiquant une contraception très sévère ( les loups par exemple) où les conjoints sont fidèles pour la vie et où même pas une louve sur 4 à le droit de se reproduire. Mais c'est vraiment l'exception.