Encore Kokopelli

Le printemps est si tardif ici, que Kokopelli s'est levé dans le ciel sans qu'on puisse mettre le maïs en terre. Il faut que la terre s'assèche. Mais ça devrait être cette semaine. Pour moi, cela veut dire le retour à la forêt. Bientôt très bientôt je pourrai repartir. Parce que mon rôle n'est pas de planter, mais comme Kokopelli de dire la beauté du monde.

us connaissez Kokopelli (il y a des dizaines d'hortographes) par l'association française qui fait l'échange de graines. C'est probablement le premier conte, le plus ancien de tous les contes et il en existe des milliers de versions, chaque culture l'apprêtant à sa propre sauce. Des spécialistes pensent qu'il est à l'origine d'Osiris le dieu Égyptien de la fécondité. Mais Kokopelli est un messager, pas un dieu, un messager heureux celui qui annonce la fin des disètes, la joie de la sexualité la fécondité. L'origine est nécessairement Anasazi et non pas Hopi comme plusieurs l'affirment, il y a au moins 3 000 ans de différences.

 

L'image de Kokopelli est très importante puisqu'elle représente la position des étoiles majeures au printemps, quand il est temps de planter dans l'hémisphère Nord. Il est bossu et joue de sa longue flute en dansant. Quand on voit l'image de Kokopelli dans le ciel, c'est la fin de l'hiver, le retour de l'abondance, le temps des joies de l'amour.

Une assez jolie version dans un petit film de Marie Prune Bonzon ici.

La plus vieille version que je connais, semble à l'origine de la légende de "Jack and the magic bean". Kokopelli plante une graine qui pousse, qui pousse et conduit le peuple malheureux vers la Terre de la fécondité. Vers l'est, et quand le peuple est en Asie cela le conduit à travers la Béringie (il y a 12 000 ans, aujourd'hui couverte par le Pacifique) vers l'Amérique. Je la conterai peut-être un jour. Voici ma version de ce que j'ai entendu enfant... Rien à voir avec les Anasazi peuple de la plaine sans arbres, ici il y a de l'eau et la forêt:

"Le jeune kokopelli était bossu, même s'il dansait assez bien, il ne pouvait pas parcourir de longues distances rapidement. Il ne pouvait pas participer aux chasses  et passait donc l'essentiel de sa vie seul à ramasser des fruits et des graines et comptait sur la générosité de la communauté pour nourrir sa mère.

Un jour qu'il s'était éloigné plus que d'habitude du campement, il tomba sur un très grand loup gris qui avait la patte prise dans un piège. Un loup qui comme lui, n'irait plus jamais loin, qui ne participerait plus jamais à la chasse. Si lui Kokopelli le boiteux avait le droit de vivre, le loup aussi. Parce qu'il n'était pas très fort, ce fut avec beaucoup de difficultés qu'il réussit à libérer le loup, qui partit aussitôt pour disparaître dans la forêt.

Quand il revint au campement, une grande désolation, des maladies affectaient presque tout le monde, les chasseurs étaient rentrés bredouilles, et son panier de fruit presque vide ne pouvait pas grand chose pour nourrir tout le monde. Il entra dans le wikuwam de sa mère pour la voir allongée presque mourante. C'est en pleurant qu'il repartit aussi en clopinant vers la forêt, il ne pouvait pas beaucoup pour les siens mais il le ferait.

Mais à moins d'une demi-heure de marche de chez lui, il se retrouva entouré par quatre loups dirigés par le blessé qu'il avait aidé la veille. Les loups le conduisirent dans une clairière où des représentants de tous les animaux de la forêt semblaient l'attendre. L'aigle prit la parole:

"Les tiens ne respectent pas l'Équilibre. Ils ont tué trop des animaux de la forêt. C'est pour cela qu'ils sont punis par les maladies. Il faut que cela cesse. Nous vous aurions laissés mourir, mais le loup nous a dit que toi tu étais bon et généreux et que les tiens t'écouteraient si tu leur apportes l'espoir.

L'ours branc prit la parole pour dire : " non je ne crois pas que les humains peuvent comprendre, ils détruiront tout, il faudrait mettre fin à ce désastre, mais je me plie à la décision de l'assemblée." Là-dessus il partit et on le revit plus dans la forêt.

L'aigle reprit la parole pour dire : Voilà ce que nous avons décidé, nous vous donnons trois graines pour que vous nourir et à toi petit messager une flute et une danse pour dire la joie de l'Équilibre.

De retour au village, Kokopelli planta les trois graines, et les haricots, les courges et le maïs se mit à pousser. Le boiteux depuis continue de jouer et danser parce qu'il y a de l'espoir, mince, très mince, mais toujours de l'espoir que l'Ours blanc ait tort et que les humains comprennent la loi de l'Équilibre.