De l’art de dire n’importe quoi

Au hasard de l’Internet, je tombe sur un article du Figaro à prétention scientifique qui dit que manger bio pourrait être dangereux pour la Planète. L'article est ici

L'agriculture biologique pourrait avoir des effets très néfastes sur le climat, en contribuant à une augmentation du CO2 dans l'atmosphère. Ouf! Comment peut-on dire un truc pareil? l’argument : les rendements du bio étant plus faibles, il faut faire plus de déforestation pour faire autant de nourriture en mode bio et comme la forêt capture du carbone, si on coupe la forêt, il y aura moins de carbone capturé donc c’est mauvais pour l’environnement. Autrement dit les plantes dans un champ cultivé ne font pas de photosynthèse alors que la forêt en fait… C’est tellement ridicule qu’on se demande comment un journal peut publier un truc pareil. Un champ cultivé fait-il plus ou moins de photosynthèse qu’un forêt? La réponse c’est très très variable. Entre une forêt boréale en pleine croissance dans les années qui suivent un incendie la capture de co2 peut très facilement être 8 fois supérieure à celle d’une forêt mature. Quand au maïs fourrager avec des rendements facilement supérieurs à 40 tonnes en bio et plus de 45 en conventionnel je doute qu’il y ait une forêt quelque part capable d’une telle performance. Et de quels techniques agricoles parle-t-on? Entre un potager bio d’un hectare cultivé en strates la capture de co2 peut facilement être 5 fois supérieurs à celle d’un hectare de légumes d’une grande exploitation très mécanisée. Et puis il faudrait comprendre un peu ce que sont les cycles de carbone. Un petit exemple, la laitue commune ( lactuca sativa) une championne de la capture de co2. Sauf que c’est aussi une championne du compostage qui libère près de 90% du carbone capturé au moment de sa dégradation. Ce sont les bactéries et les champignons qui fixent à long terme le carbone, ce n’est pas la production primaire des plantes. Le danger de ce genre d’articles n’est pas de déprécier le bio, c’est de faire dire à la science des bêtises qu’elle ne dira jamais. C’est comme affirmer qu’il faut construire plus d’autoroutes parce que la congestion routière crée de la pollution.