Question de drague
lundi 7 septembre 2009, 17:23 Nokosa et l'amour Lien permanent
Un livre est paru récemment « Les Québécois ne veulent plus draguer». Je ne l'ai pas lu, mais ça ne m'empêchera pas d'en parler.
'ai souvent entendu cela de la part de Françaises au Québec, et maintenant beaucoup de jeunes Québécoises le répètent. Du garçon élevé par des féministes, à « c'est la faute à l'internet » tous les arguments défilent alors je vais ajouter les miens. Sans doute sont-ils aussi flous et inexacts que les autres, mais ça vaut le coup d'essayer.
D'abord, la société québécoise devient de plus en plus nord-américaine. Il suffit de parler avec quelques québécoises pour tout de suite comprendre que si par rapport à l'Europe, il n'y a que peu de drague à Montréal, ailleurs en Amérique, Montréal fait figure d'une capitale de la galanterie. C'est à se demander comment ils se reproduisent dans le Mid-west américain. La technique et l'usage du lasso par les filles sont d'une absolue nécessité pour s'attacher un mâle. Je me rappelle une conversation avec une très jolie jeune Belge qui revenait d'un séjour de 6 mois au Michigan et me racontait ses misères sexuelles là-bas. En désespoir de cause, elle a dragué un jeune homme qui semblait pas trop con pour se faire répondre : « si tu veux baiser, je vais être à tel endroit à telle heure. » Voilà un modèle de galanterie.
Je reste sensible à l'argument que les Québécoises sont particulièrement rapides à décourager les dragueurs, et que pour avoir la moindre chance de succès, il ne faut pas avoir l'air de draguer. Alors draguer sans en avoir l'air, c'est un peu compliqué, et je ne suis pas sur de vraiment savoir. De toute façon, je ne drague pas, je tombe en amour et encore plus souvent je tombe sur le trottoir parce que la fille est déjà partie. Donc, les garçons québécois sont très prudents dans la drague.
D'ailleurs, je trouve le mot drague, particulièrement violent. Draguer, c'est passer un râteau dans le fond de la mer pour ramasser les moules, les huitres, ce qui y traine quoi. Ce n'est pas, mais pas du tout ce que je cherche comme relations. Je suis à me demander s'il n'y aurait pas un lien entre la façon de bâtir des relations homme-femme et l'attitude non-violente des Montréalais (qui en fait la ville probablement où il y a le moins d'actes criminels).
Je pense que la culture amérindienne joue un grand rôle sous ces deux aspects. Chez ceux de la forêt, une femme qui voulait voir son amant mettait sa lampe à la porte de son wikuwam. Un homme qui entre sans cette invitation aurait été mis au ban de la communauté. De même les paroles ou gestes violents dans les relations interpersonnelles sont fortement découragés, alors qu'en Europe l'affirmation de soi à des niveaux que je ressens comme agressant, me semble être le mode normal de relation. Disons pour être simple que souvent j'ai senti que les Français ont tendance à vouloir non seulement émettre mais imposer leurs points de vue.
Je me demande s'il n'y a pas un lien à faire entre ces attitudes qui me semblent violentes et la façon d'entrer en contact avec l'autre sexe.Je vais aller demander aux baleines ce qu'elles en pensent.
Commentaires
aaah, tu parles d'un des sujets qui me tiennent à coeur sur le plan des différences entre la France et le Québec (et je ne dirai pas l'Europe et l'Amérique, parce que je connais d'autres pays en Europe où il me semble que c'est différent de la France, donc je suppose qu'ailleurs en Amérique du Nord, c'est différent du Québec aussi)
oui, en France on veut s'imposer, c'est une question de survie : on est tellement les uns sur les autres (imagine donc en Allemagne !) que pour se faire une place il faut se battre. ça c'est pour le côté sociétal.
maintenant tu transposes ça dans le contexte amoureux : il faut être agressif pour avoir l'air séduisant. la méchanceté ciblée, le "wit" qui peut être très drôle mais aussi très blessant, est paraît-il le gage de l'intelligence. le garçon gentil, doux, etc. passe pour un con, au mieux un naïf qui n'arrivera jamais à "pogner". il faut un mâle.
sauf que l'effet induit par tout ça c'est quoi ? c'est que le message que les filles reçoivent, de façon plus ou moins tacite, c'est "méfie-toi des hommes". on leur bassine qu'elles peuvent toujours dire non, que c'est elles qui décident, qu'on leur doit le respect, etc blablabla. mais en réalité on ne fait rien de l'autre bord pour égaliser la situation, le résultat étant qu'elles sont confrontées à des mâles en chasse qui "sautent" sur le premier gibier venu, et j'utilise cette métaphore volontairement. (notre gardienne, une petite Québécoise pure laine, s'est retrouvée dans l'aéroport CDG cet été confrontée à une bande de jeunes mâles qui visiblement n'avaient qu'un seul objectif : se la taper. bonjour l'image qu'elle retient du pays.)
il y a bien sûr aussi la culture de la séduction, celle qui plaît tant aux étrangers ("aaah les petites Françaises" etc.), sauf que dans l'inconscient collectif séduction + sexe dit faible + mâle en rut = la fille violée, c'est de sa faute. (je pousse le raisonnement jusqu'au bout exprès, beaucoup vont me dire que je vais trop loin mais c'est pour montrer à quoi ça mène)
ici la situation est à première vue plus équilibrée : comme tu le dis, l'héritage amérindien est bien présent et donne à la fille tout son rôle. sauf que par-dessus l'héritage amérindien il y a eu le féminisme nord-américain et au Québec des générations entières de madames Germaine (elle gère et elle mène)
face à ça, déclin progressif, silencieux et inévitable du rôle de l'homme dans la société. à force de vouloir être l'égale de l'homme, la féministe nord-américaine a cherché tous les moyens de le remplacer -- sans quasiment lui proposer d'alternative. (en gros : devenir une Germaine était un choix féminin, devoir en contrepartie s'occuper des enfants de la maison etc., loin d'être un choix masculin.)
Demain, moi aussi je demanderai aux 2 baleines qui jouent à saute vague en face de chez moi, si elles ont déjà été draguées du côté de Quebec.
Oxygène--) moi-aussi demain je vais en parler avec les baleines. Quelles espèces y-a-t-il dans ton coin?
Dodinette--) Role de l'homme? je comprends que le fait de ne pas porter ni allaiter les enfants lui laisse un peu plus de temps, mais ça lui donnerait un rôle spécifique en dehors des tâches de survie de la communauté ? Pour le reste je suis bien d'accord avec toi.
Excellent, le coup du "tomber sur le trottoir" Tu nuances donc mes impressions sur les Québecoises, au sujet desquelles j'avais nourri de vagues théories climatiques...
(Tiens, je me taperais bien une baleine, moi...)
Sans doute sommes-nous trop nombreux/ses en ville, à la campagne cela se discute... j'ai l'impression (en entreprise au moins) surtout que ce sont les valeurs masculines qui sont mises en exergue (compétition, chasse, force) que féminines (accueil, patience, douceur). Donc les femmes exhibent leur côté masculin et les hommes cachent leur sensibilité féminine. Heureusement il y a des rebelles dans les deux camps...
Dixit mon ado de filles, c'est un échange de signaux (elle râle quand je complète par "chimiques") entre filles et garçons "intéressés" l'un par l'autre, signaux décodés avec plus ou moins de bonheur. mais bon y en a toujours un qui prend le risque de savoir et de se prendre par la même occasion le râteau ! Et je me doute bien que les signaux sont très culturels, et différents même en France en la ville et la campagne...
Et les baleines, elles draguent ?
les "valeurs féminines", on est en plein dans le naturalisme qui va mener droit à la conclusion suivante : les femmes à la cuisine, les hommes à l'action. c'est pas forcément avec ça qu'on va sauver le monde.
Poutine Girl m'a devancé. Je me méfie comme de la peste de ces notions de valeurs féminines et de ces valeurs masculines.
Tout comme, d'ailleurs, je me méfie de l'égalitarisme des sexes, dérive fréquente de certains féministes, ou de non féministe qui s'y mettent par souci de collecter des voix sans avoir compris le film.
Il y a long à dire là-dessus.
Ca me rend triste de me dire que ces jeux de séduction qui font les délices des prémices d'une histoire d'amour sont en voie de disparition mondiale, n'empêche...
C'est à nous d'apprendre à nos enfants comment séduire et se laisser séduire...
C'est rigolo cette poussée d'urticaire sur "valeurs féminines". Tout ce que je voulais dire c'est que nous sommes déséquilibrés et enfermés - socialement culturellement - dans des modèles qui valorisent certains comportement et en dévalorisent d'autres. Après chacun met les mots qui lui parlent sur ces maux. Peu importe. Ce qui compte c'est d'osciller entre ces deux polarités, et de réussir à ne pas tomber toujours du même côté parce que cela fait mal à force.
Oui oui oui Tili, apprendre à nos enfants en témoignant dans notre vie au quotidien !!!!
Rôôh làlà c'est compliqué vos histoires !!!
Je tiens à donner mon avis de Français car votre discussion a l'air de tourner légèrement en rond. Un peu de piquant devrait donc donner de la couleur au débat.
Je suis arrivé à Montréal voici un mois. Nullement tenu au courant de la culture séductrice locale, je suis allé avec quelques amis boire un verre dans un bar. Sans réellement chercher à draguer, j'ai simplement voulu parfois discuter avec des Québécoises (et même des Québécois!). Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'à chaque fois que j'essayais d'entamer la discussion, des regards inquisiteurs m'entouraient. Aurais-je une tâche énorme sur ma chemise? Une pustule sur mon nez? Non, j'ai tenté de discuter avec des filles.
Mon impression corroborée par les dires de nombreux Québécois hautement frustrés de la situation, malgré l'apparent consensus (et quand je dis nombreux, je signifie la totalité des Québécois avec qui j'en ai discuté), c'est qu'un féminisme latent a pris le contrôle de nos amis francophones. Je tiens à vous dire que, selon moi, le féminisme ne vaut pas mieux que le machisme. Loin d'une égalité des sexes, on rencontre plus souvent une sorte de castration du sexe masculin.
En France, je vous l'avoue, il existe des dragueurs vulgaires (de ce qu'apparemment tout le monde prend en exemple à Montréal) mais ils sont loin d'être la majorité. Et, ne vous inquiétez pas, en France aussi, on se moque bien d'eux. Seulement il existe une séduction. Une sorte de pacte social que partagent les hommes et les femmes et qui permet un minimum de relations sociales. Le séducteur français est loin du dragueur que vous décrivez. Nous sommes beaucoup plus fins que les "dragueurs d'aéroport". Je ne vais pas m'étaler sur le sujet mais je trouve ô combien dommage qu'ici aucun jeu de séduction n'existe (c'est pourtant tellement bon, autant d'un côté que de l'autre). Mon sentiment est que vous perdez beaucoup à stigmatiser la "drague" comme vous le faite. Le résultat de la "drague" est un contentement des deux côtés alors qu'ici, il me semble tout de même que les hommes soient largement lésés. Je tenais donc à prendre part à la discussion avec ma vision européanisée des relations hommes-femmes (et par pitié, arrêtez de parler de machisme, c'est extrêmement bas quand on connait la réalité française) et suis tout-ouï à vos réactions (c'est l'intérêt d'un débat d'ailleurs).
Milo--) Assez d'accord avec ta thèse, sauf sur la réaction des filles comme étant "féministes". Je pense qu'il y a une contradiction difficile à résoudre entre un fond de culture amérindienne qui veut que les filles fassent un premier pas et une tradition occidentale où ce sont les garçons qui approchent les filles. Il s'en suit une partie nulle où tous les gestes sont mal connotés.
je vous invite tous les deux à taper "coaching séduction" dans Google. Cela en dit long sur le non état de nos relations sociales. Le coach en séduction parisien (mais où sont passés les latine lovers) enseigne des trucs révolutionnaires : pour séduire, devenez séduisant ! parlez en regardant la personne et comment lutter contre l'angoisse.. L'objectif de la séduction étant de ne pas passer la nuit seul ! Visiblement ce n'est que pour les hommes....
J'ai du éliminer un commentaire dont l'adresse courriel était fausse et les propos douteux.
1) Je ne vois pas pourquoi éliminer un commentaire quand son adresse courriel est fausse. Pourvu que les propos soient corrects. Si la personne ne veut pas mettre son mail sur le web, ma foi, c'est sage.
2) Réponse à notre Français là : la séduction dont tu parles à Paris, c'est du pipo. Tu peux parler comme ça aux gens qui connaissent pas. Les Parisiennes et parisiens sont frustrés, déprimés et continuent à générer les mêmes comportements anti-communicatifs. Cette ville, et je n'exagère en rien, est un cas psychiatrique collectif. Ca communique beaucoup mieux à Montréal ! Après, il faut oser, et faire des coups d'aventurier. J'ai abordé une chinoise il y a trois jours, je me suis débrouillé pour lui laisser mon numéro et mon mail. Elle n'a jamais appelé mais j'en suis pas mort. Une autre sera plus attirée par moi.