Je veux aller à la pêche

C’est le meilleur temps pour la pêche. Dans le Nord, les divers moustiques sont encore gelés, et les arbres se couvrent de fleurs, la forêt vibre d’amour. D’accord, ce n’est pas l’abondance des fleurs des arbres à fruit, ni la beauté des magnolias. Simplement la brume rouge des érables, les minous des bouleaux et des peupliers qui se laissent deviner plus comme un espoir qu’une réalité, dans le silence des épinettes et des sapins.

J’irai avec mon fils, loin après la route. Il faut prendre un hydravion, pour aller à ce lac que très peu fréquentent, parce qu’il n’y a pas beaucoup de poisson, mais je connais un coin où les truites sont énormes. Après tout, je n’ai besoin que de trois poissons, un pour le dîner, un pour mon fils et un pour moi.

Ce repas sur une petite grève est toujours un des grands moments, il n’y a plus de vent sur le lac, le silence est parfait. Il ne faut pas parler parce que nos gestes simples en disent beaucoup plus que tous les mots du monde. Puis nous nous étonnerons de ce que l’hydravion ne revient pas, et nous construirons un abri pour la nuit. Au moment où le soleil se couche nous entendrons le grondement de la machine, nous préparerons le canot pour l’attacher sous la bête qui vole, il n’aura pas le temps d’attendre. C’est ce que je connais de plus près de la définition du bonheur.

Je veux aller à la pêche avec mon fils.