Maki et le moqueur-chat

Bon, puisque plusieurs veulent entendre mon ami le moqueur-chat, je m’y suis mis cet après-midi. C’est assez difficile de l’enregistrer parce qu’il fait de longues phrases et il y a toujours une moto qui passe ou quelqu’un qui veut vous poser une question…

A’toshka le demande, moi je considère cela comme un ordre. Mais celui du jardin est difficile à suivre avec ses constants déplacements dans les branches, quand je réussis à viser au bon endroit avec le micro, il est rendu ailleurs. Cependant cet après-midi, il a arrêté de jouer avec et de moi, pour s’en prendre à un autre habitant de la cours.

Vous vous souvenez peut-être de Maki, le merle d’Amérique. Oui celui qui a de la difficulté avec son fils qui ne veut pas apprendre à voler. Celui qui écrit des poèmes d’amour à la plus belle des Garance. Il était comme toujours tout à son travail de surveillance de son territoire, en profitant aussi pour grignoter un vers gris bien gras.

Le moqueur le voit et décide de s’en prendre à lui. Les merles protègent leurs territoires et ne laissent pas un autre merle vivre dans le même espace. Maki entend très bien le merle ( le moqueur- merle) mais ne le voit pas. Cri et colère, il se gonfle les plumes et cherche à provoquer cet intrus trouillard qui n’ose pas se montrer. D’habitude, un merle qui veut conquérir un nouveau territoire fonce vers l’occupant et le provoque à un concours de chant et d’intimidation. C’est assez rare qu’ils aillent se toucher vraiment, ou se faire mal, c’est un accident qui peut arriver dans l’intensité des manifestations belliqueuses, mais cela demeure des accidents.

C’est un avantage pour moi, le moqueur cesse de s’intéresser à ce que je fais et se concentre sur Maki, me laissant le temps d’enregistrer cet extrait :

Cela commence par trois miaulements. Oui j’ai triché, j’ai pris des miaulements ailleurs dans l’enregistrement (je ne peux pas vous mettre les 20 minutes que cela dure) pour vous montrer pourquoi on les appelle moqueur-chat « catbird » en anglais. Après il y va d’une phrase de 15 secondes qui est tout à fait une phrase de merle à deux erreurs près. Content, il constate le désarroi qu’il provoque chez le merle, qui saute partout prêt à pourfendre l’intrus qui ose venir le provoquer chez lui.

Il faut un autre miaulement et se relance dans une phrase différente, mais toujours issue du langage merle. Il fera cependant trois fautes, Maki commence à se douter de la supercherie. A l’arrière on entend un peu Maki, un bruant familier et un roselin mais faiblement.

À la quatrième reprise du même manège, Maki a volé rapidement dans les branches du tilleul où se cachait le moqueur-chat, j’ai entendu des battements d’ailes et puis plus rien. Le moqueur s’est caché et ne fait plus de bruit. Prêt à recommencer ses mauvais tours dès que le merle ne s’en doutera plus.