Un heureux petit cafard

Vous me direz que j’en parle souvent. C’est vrai. Mais la Belle Endormie est toujours dans ma tête. Ou plutôt dans mon corps, elle est ce qui me fait, comme mon code génétique. Tenter de l’oublier se serait tenter de nier ce que je suis, on peut le faire, mais il y a un immense trou en dedans.

Les amis qui passent par là m’envoient des photos. C’est toujours avec un grand bonheur que je les étudie en détail cherchant à percevoir des petites différences, combien tel arbre à grandi, où si le monstre dans le lac, ne montre pas une écaille.

Les Gauthier m’envoient cette photo prise 3 jours après Noël. Ce qui frappe c’est l’eau libre sur le lac qui devrait être glacé depuis 3 semaines. Et la maison des Levasseur qui est repeinte. Si vous suivez la ligne électrique, vous voyez la cote que je monte en vélo pour aller au village. Pas mal pour un vieil ours n’est-ce pas? Toute cette paix, qui est la même depuis 4000 ans que des humains y vivent.

Sept jours plus tard, le lac est gelé. Mais je ne suis pas tout a fait sûr qu’il n’y a pas un piège. La lune est tellement à l’est de son parcourt d’été que je soupçonne une fraude photoshopiène. C’est Sirius qui se lève là l’été. Par contre, le soleil se couche à la bonne place, pour un soir d’hiver. L’été on voit le profil de la Montagne Carrée et de la Montagne Boucanée faire une ombre sur ce décor.

Oui, ma Belle Endormie, j’espère bien cette année ne pas devoir attendre le triangle d’été, quand Arcturus, Spica et Régulus formeront triangle, j’arriverai, dormir auprès de toi. Nous savons, les promesses des amants sont des mensonges. C’est à moi que le temps fait l’outrage, tu n‘attends pas. Mon temps n’a pas de sens pour toi. Dois-je préciser pour les nouveaux que Pohénégamouk est un mot malécite signifiant La belle endormie.