Mea culpa: le prophète de malheur
mardi 7 août 2007, 15:23 General Lien permanent
Le meilleur truc pour être lu, après l'immoralité des vedettes qu'on crée pour cela, c'est de prédire des catastrophes. Les journaux nous en fournissent de pleines pages tous les jours. Alors prédisons des catastrophes, nous aurons raisons d'ici quelques semaines.
C'est vrai que l'avenir n'est plus ce qu'il était, et que maintenant qu'il n'y a plus de péril Jaune ou Rouge, le péril Vert semble aussi ridicule que les terroristes qui vont venir faire sauter une bombe dans votre maison parce que vous supportez les troupes de votre pays qui pacifient un pays de barbares. Le réchauffement climatique se passe sur des horizons tellement lointain que tondre ou pas mon gazon ne semble pas y faire quoi que ce soit. Les tours de téléphonie sans fil font mourir les abeilles? Que c'est triste, en même temps elles ne viendront plus nous piquer.
La télé populiste fait tellement dans le marché de la catastrophe qu'il se crée une distance, une insensibilisation à la réalité des situations à combattre. On fonce allègrement vers le mur en se disant que moi je fais ma part pour sauver la planète, je trie mes déchets. C'est de produire des déchets le problème.
Cette réflexion vient de ce que je suis un grand inquiet. J'aime tellement étudier les détails, le comportements des oiseaux, des plantes, des insectes, que j'ai de la difficulté à replacer ces détails dans le grand ensemble, dans la continuité de la vie. Pour moi, une libellule en Arctique c'est une vrai catastrophe, aussi importante que l'agrandissement du désert, parce que c'est la même continuité.
Et puis j'ai vraiment peur. Il me semble évident que les prévisions du GIEC sont d'un jovialisme aveuglé, que La Catastrophe est imminente. J'en suis à regretter qu'il n'y ait pas de Dieu Vengeur pour nettoyer la terre des sodomites, non des pollueurs. Ça nous prend un coupable pour éviter de constater que nous faisons partie du problème.
Tout cela parce que nous n'avons pas assez de recul. Seul mon nombril m'importe. La Terre, Gaïa, en a vu bien d'autres, et a survécu à des catastrophes bien plus terrible que les désordres que nous lui causons. La météorite du Yucatan, il y a 65 millions d'années, ça c'est du sérieux comme catastrophe. L'humain n'y aurait certainement pas survécu.
Les humains vont-ils survivre aux présents changements? Je ne sais pas, j'en ai pas la moindre idée. Et à étudier les oiseaux et les plantes qui ont survécu à la catastrophe du Yucatan, je pense que la vie continuera, et que c'est ce qu'il y a d'important.
Commentaires
quoi les sodomites ?
C'est quoi la météorite du Yucatan?
La météorite du Yucatan est celle dont pense la moitié des spécialistes qu'elle est la cause de la disparition des dinosaures soudaine.
Non du fait de la chute elle-même mais des conséquences tectoniques sur la planète: tout a été ébranlé dans ce bas monde, que les pires tremblements de terre de l'histoire connue ne sont que de la gnognote à côté, avec pleins de volcans de partout qui fleurissent comme des champignons et ras-de-marées généralisés. Le ciel se remplit de poussières et voila le soleil, et le froid fut si fort que tous les reptiles moururent sauf les plus minuscules qui surent trouver un petit réchaud ici ou là, avec tous ces volcans. Il a suffi probablement de quelques années, quelques dizaines d'années, ce qui rend si difficile le repérage de la catastrophe au milieu des millions d'années qui l'entourent.
Bref, après rien ne fut comme avant et la planète toute déstabilisée s'est mise à faire pousser ses montagnes, les Andes et les Rocheuses, les Alpes, l'Himalaya, l'Elbourz, et toutes leurs ramifications environnantes.
Enfin, c'est un résumé, et l'autre moitié des spécialistes n'est pas convaincue. Moi si.
je dis toujours que la "caisse verte" et autres types de tri des déchets, c'est l'autre nom de la bonne conscience écologique des gens.
ma soeur, géographe et écologiste fervente et convaincante, m'a prouvé en une seule semaine de visite chez nous, que penser "vert", c'est penser COMPLÈTEMENT différemment de ce qu'on faisait jusque là.
alors pour que les politiques se rendent compte de ça, et mettent des mesures appropriées en place (oui, il ne s'agit plus seulement de faire des petits gestes individuels, maintenant il faut le courage public de taper du poing sur la table), on peut se lever tôt...
Dodinette--) Est-ce Zizule son nez et ses lunettes? j'aurais surement des trucs à apprendre...
Andrem--) oui, je pense que la controverse est autour de la disparition des dinosaures... qui ne sont pas disparus parce qu'ils sont maintenant nos petits oiseaux. je pense que devant un phénomène d,une telle ampleur l'analyse causale ne donne pas de résultats, il faut passer à l'analyse structurale. Enfin c'est une longue discution.
Anta--) ça va comme réponse?
poutine--) oui j'ai employé le mot parce qu'il est aussi absurde de mettre la responsabilité des maux du monde sur les sodomites que sur les conducteurs de 4X4. Les problèmes sont beaucoup plus complexes et ce sont les systèmes qui sont en cause. particulièrement le système agricole. ce n,est pas un agriculteur qui est pollueur mais le système dans lequel il travaille et qu,il ne peut pas éviter sans faire faillite.
Andrem--) juste pour faire plaisir à l'historienne, ce ne sont pas les pires tremblements de terre de l'histoire, c'est longtemps longtemps avant la littérature, c'est donc dans la pré-histoire...
non mais je sais bien, c'est surtout que j'ai une réputation de frivolité à entretenir. je pense que les conducteurs de 4x4 sont tout de même des nuisibles qui choisissent de l'être en refusant de se donner la peine de réfléchir à ce qu'ils font. l'inconséquence est souvent ce qu'il y a de plus dangereux. on fait pas exprès, on savait pas, on voulait pas savoir. on détruit l'environnement/fait travailler des enfants/participe à un génocide. les conducteurs de 4X4 ne sont certes pas reponsables à eux seuls, mais ils font le choix de se laisser aller à rentrer dans un système condamnable et le deviennent donc. pour moi il y a une continuité dans la responsabilité. oui, on doit faire changer le système, et on doit faire changer ces petits comportements qui n'ont selon moi aucune excuse.
J'ai lu quelque part que si tu plonges une grenouille dans de l'eau bouillante, elle saute aussitot pour sortir de la casserole. Mais si tu la mets dans l'eau froide et fait chauffer celle-ci petit à petit, elle y reste jusqu'à ce qu'il soit trop tard... Les grenouilles, c'est nous, et en plus on entretient le feu sous la casserole.
L'historienne se prétend moine. Va savoir qui ment. Un moine vaut bien un ours du même métal.
Pour l'histoire, il s'agissait juste d'indiquer que la volée de cataclysme qui a suivi l'impact de la météorite du Yucatan est sans commune mesure avec nos minuscules catastrophes, minuscules par comparaison bien sûr. Le ras-de-Marée de Santorin qui détruisit en un instant la civilisation Crétoise, par exemple, ou celui récent d'Indonésie, qui frappa sur des milliers de kilomètres ne sont que de légers hoquets de Terre à côté de ce que furent les contre-coups de l'onde de choc propagée à travers les couches profondes du globe, qui probablement disloqua la plupart des plaques continentales en quelques jours.
Au jeu du concours de tremblement de Terre, il est vraisemblable que ceux-ci sont parmi les mieux placés. Il est tout aussi vraisemblable que la vie sur terre en a été profondément perturbée et que les espèces les mieux adaptées aux conditions d'alors n'étaient pas nécessairement capables de supporter un tel traumatisme, la nuit polaire pendant des années, l'air chargé d'effluents toxiques venus des profondeurs, la prolifération de nouvelles formes de vie bactériennes, les mousses les algues les planctons les lichens, et tout le végétal qui végétait et l'animal qui survivait, qui tout à coup se sont mis à prospérer dans un monde devenu plus favorable, ont dû contribuer à cette soudaine extinction.
N'ont survécu chez les reptiles que ceux qui surent passer la barrière, donc plutôt les petits et les rampants, laissant la place à une population pré-existante mais silencieuse encore, les animaux à sang chaud, oiseaux notamment mais aussi quelques mammifères malingres et malins. La très courte période de disparition ne peut s'expliquer par la seule mutation naturelle, et il a fallu un autre évènement d'importance.
La coïncidence des temps fait que cette météorite correspond très bien. Si les mécanismes qu'elle a enclenchés restent encore à détailler et portent leurs controverses et leurs incertitudes, il est difficile de ne pas lier les deux évènements, qui correspondent également au changement d'ère géologique, du secondaire au tertiaire.
Evidemment, nous sommes plongés dans bien avant la seule pré-histoire, qui ne se rapporte qu'à une espèce donnée, la nôtre.
Pour mettre un grain de provocation, j'ajouterai que c'est la seule espèce qui vraiment m'intéresse, et que la défense du vivant et du minéral, de l'air et des petits oiseaux, ne vaut pour moi que parce que vivant, minéral, oiseaux, poissons, air terre mer, tout cela est nécessaire à l'espèce de moi. Les langages des autres espèces ont ceci de fascinant qu'ils nous permettent d'accéder à leurs connaissances, celles que nous avons d'elles et celles qu'elles nous apportent. C'est juste un exemple.
Et je n'ai même pas insisté sur le Yucatan, grande terre émergée récente riche d'histoire indienne, riche de vécu quotidien présent de ces mêmes indiens, qui gardent leurs savoirs, leurs secrets et leur vie commune au fond de leurs villages, à l'abri du touriste qui passe, du promoteur qui dépasse, et du spéculateur qui trépasse. Sans parler de la vie animale, invisible du bord des routes rares, mais bouillonnante dès que la clôture est franchie. Un monde riche d'avenir inconnu des grandes traversées mondialisantes, et qui sauront survivre aux traumatismes que nous nous infligeons à nous mêmes par le biais de nos systèmes emballés.
Je répondrais à Poutinesse que la seul bienfait d'un comportement individuel vertueux est de nous rappeler nous-mêmes à l'ordre. Mais rayer un catxcat ou jeter sa v*ittel vide dans le bon bac ne changeront rien, notre rôle est aussi et surtout dans le verbe, le discours, l'association, le collectif, notre rôle est de ne jamais se laisser gagner par la bonne conscience trieuse et nettoyeuse. Nous sommes tous les pollueurs de quelqu'un. On rejoint les vieux thèmes bateaux de mes élucubrations passées et présentes, mes lieux communs. Alors je me tais.
Voilà pourquoi je lis l'ours dans le texte, mais entre les lignes.
Poutine et l'historienne--) Je n'ai pas dit que cela ne valait pas la peine de faire un effort, oui il faut faire attention, ménager l'eau, éteindre les lumières, et conduire un 4X4 en ville est certainement irresponsable... mais le principal effort doit être politique, dans l'organisation pour contrer les systèmes.
C'est trop important je vais tenter de faire un billet là-dessus.
Finalement, à force d'amonceler pour AVOIR, et plus encore, en a-t-on fini par oublier d'ETRE?...
oui... de fait c'est le résultat de l'agriculture, se défendre contre la pénurie, se défendre contre la planète plutôt que de vivre avec... on est maintenant à provoquer la pénurie...
mais oui sauf que le politique n'est malheureusement pas entre mes mains (cf dernières élections françaises). fermer le robinet et dégonfler des pneus, si