Mea culpa: le prophète de malheur

Le meilleur truc pour être lu, après l'immoralité des vedettes qu'on crée pour cela, c'est de prédire des catastrophes. Les journaux nous en fournissent de pleines pages tous les jours. Alors prédisons des catastrophes, nous aurons raisons d'ici quelques semaines.

C'est vrai que l'avenir n'est plus ce qu'il était, et que maintenant qu'il n'y a plus de péril Jaune ou Rouge, le péril Vert semble aussi ridicule que les terroristes qui vont venir faire sauter une bombe dans votre maison parce que vous supportez les troupes de votre pays qui pacifient un pays de barbares. Le réchauffement climatique se passe sur des horizons tellement lointain que tondre ou pas mon gazon ne semble pas y faire quoi que ce soit. Les tours de téléphonie sans fil font mourir les abeilles? Que c'est triste, en même temps elles ne viendront plus nous piquer.

La télé populiste fait tellement dans le marché de la catastrophe qu'il se crée une distance, une insensibilisation à la réalité des situations à combattre. On fonce allègrement vers le mur en se disant que moi je fais ma part pour sauver la planète, je trie mes déchets. C'est de produire des déchets le problème.

Cette réflexion vient de ce que je suis un grand inquiet. J'aime tellement étudier les détails, le comportements des oiseaux, des plantes, des insectes, que j'ai de la difficulté à replacer ces détails dans le grand ensemble, dans la continuité de la vie. Pour moi, une libellule en Arctique c'est une vrai catastrophe, aussi importante que l'agrandissement du désert, parce que c'est la même continuité.

Et puis j'ai vraiment peur. Il me semble évident que les prévisions du GIEC sont d'un jovialisme aveuglé, que La Catastrophe est imminente. J'en suis à regretter qu'il n'y ait pas de Dieu Vengeur pour nettoyer la terre des sodomites, non des pollueurs. Ça nous prend un coupable pour éviter de constater que nous faisons partie du problème.

Tout cela parce que nous n'avons pas assez de recul. Seul mon nombril m'importe. La Terre, Gaïa, en a vu bien d'autres, et a survécu à des catastrophes bien plus terrible que les désordres que nous lui causons. La météorite du Yucatan, il y a 65 millions d'années, ça c'est du sérieux comme catastrophe. L'humain n'y aurait certainement pas survécu.

Les humains vont-ils survivre aux présents changements? Je ne sais pas, j'en ai pas la moindre idée. Et à étudier les oiseaux et les plantes qui ont survécu à la catastrophe du Yucatan, je pense que la vie continuera, et que c'est ce qu'il y a d'important.