Une quasi-victoire

La bataille contre les changements climatiques est essentiellement politique. Pas que les efforts individuelles soient totalement négligeables, mais les politiques économiques et énergétiques pèsent tellement lourds dans la balance que c'est par nos oppositions et nos protestations que nous pouvons le plus contre la menace... Une petite victoire au Québec cette semaine. Après mon billet d'hier un peu déprimant, en voilà un un peu plus gai.

Il y a deux projets de terminal d'importation de GNL ( gaz naturel liquéfié) qui sont en projet dans le fleuve Saint-Laurent. Un à Cacouna, dans la pouponnière des bélugas, l'autre à Lévis en face de Québec. Deux projets de même volume, dont la taille implique l'addition d'environs douze millions de tonnes de GES ( gaz à effet de serre) à la production canadienne, soit chacun plus de 10% de ce que le Canada émet actuellement. Ensemble la consommation du GNL de ces deux projets entrainerait la doublement de la production des GES du Québec.

Pour le projet de Lévis tout était prêt pour que le conseil des ministres donne son accord mercredi, tellement prêt que les fonctionnaires avaient reçu l'ordre de préparer les textes justifiant le projet et déclarant que c'était une victoire pour l'environnement... Comme si une augmentation d'émission pouvait se justifier d'une façon ou d'une autre. La décision a été reportée à plus tard. La pression populaire a été assez forte pour que les politiciens craignent les conséquences et décident d'attendre un meilleurs moment pour tenter de le passer en douce. Je doute fortement que ce soit possible, il y a de plus en plus de gens conscients de l'importance des changements climatiques et ce report a toutes les chances de signifier la mort du projet.

Pour le projet de Cacouna, les autorisations gouvernementales avaient été données l'an dernier. Il faut comprendre que dans une région assez pauvre, un projet de plus d'un milliard de dollars est très difficile à contrer quand les gens veulent travailler. Et même si cette année de plus en plus de gens sont conscients de l'impact environnemental, je ne suis pas sûr qu'une bataille sur ce front aurait pu être gagné.

Mais on peut quand même mettre des bois dans les roues du char du progrès. La construction de ce terminal implique de planter d'énormes pieux d'acier dans le fond de la mer, ce qui implique énormément de bruit dans l'eau. Il a donc fallu démontrer que durant les 6 à 7 mois par année où les mamans bélugas et leurs petits étaient là, un tel tapage aurait grandement nuit à leurs développements. C'est une espèce en danger protéger par la loi etc. nous avions les arguments pour poursuivre le constructeur contre une atteinte directe à la survie de l'espèce. Donc la construction ne peut se faire qu'en hiver dans des conditions très difficiles.

Résultats: les coûts de construction augmentent de 20 à 30%,peut-être plus, et le projet devient de moins en moins rentable à tel point que le consortium décide de retarder le projet d'au moins deux ans. Deux ans qui nous servirons à trouver d'autres arguments, à dire et redire qu'ici nous sommes en surplus d'électricité, que ce GNL avait pour véritable client les USA, et que s'ils veulent mourir de pollution, on a pas à leur fournir la drogue... que le Québec est un grand exportateur d'hydroélectricité très propre et d'électricité d'origine éolienne et que de fournir du GNL c'est couper des emplois ici pour en créer là-bas. Enfin, et surtout continuer la bataille sur tous les fronts.

Bien sûr, toutes les victoires ne sont que temporaires. Mais chaque jour que l'on gagne est un jour de plus pour la survie de notre monde. Vous enfants vous en remercieront.