Reprise du dimanche: Nuliarsak

Non je ne suis pas triste, je m'ennuie un peu du Nord. Alors un très vieux texte qui parle du second monde des Inuit.

Chez les Inuit, l’autre monde n’a pas de prise directe sur notre monde. Parfois, l’autre monde s’appelle le monde des ombres, parfois le monde des Tongats, et la plus part du temps l’autre monde. D'ailleurs, on peut raisonnablement se poser la question s’il existe un ou plusieurs autres mondes, tant les descriptions varient selon les lieux, les moments et les circonstances.

Les êtres de l’autre monde tentent la plus part du temps de nous influencer, de nous amener à faire des gestes, des actes dangereux. Pour un Inuk, l’acte le plus dangereux est de se couper des autres, de se percevoir seul, de se penser isolé. On ne survis pas seul dans ces terres si peu fertiles, nous avons toujours besoin du groupe et le groupe a toujours besoin de nous. Tout est toujours périlleux, les animaux, la glace pleine de pièges, on a toujours besoin des autres.

Certains Inuit, peuvent à partir de rites précis, accéder à l’autre monde, et y apprendre des choses utiles pour la vie. Mais il faut être prudent, avoir un protecteur puissant de l’autre côté et surtout être attaché parce que nos mains ou nos pieds pourraient commettre des gestes mortels sous l’influence des Tongats.

Mais il faut toujours faire attention, éveillé ou en rêve, de ne pas se laisser prendre dans les Tongats. Ils nous soufflent à l’oreille que nous sommes différents, que les autres ne nous aiment pas, que nous n’avons plus la force de les supporter, que nous n’avons plus de force, que nous ne sommes plus du groupe.

Les Tongats les plus fréquents sont les Nuliarsaks. Ils se présentent souvent la première fois en rêve, un homme ou une femme magnifique qui nous aime et nous désire. Et puis on le rencontre dans la vie, et il nous désire de plus en plus. Évidement, pour aimer cette personne il faut s’isoler, parce que les autres, et puis c’est secret, il ne faut pas le dire. Cet amour est de plus en plus exigeant, nous isole de plus en plus et nous entraîne en dehors du groupe jusqu’à ce qu’on en meure.

Est-ce que les dieux des blancs ne sont pas aussi des Tongats? N’ont-ils pas la même approche pour nous dominer, nous soutirer l’amour des autres vers un amour illusoire hors de ce monde, jusqu’à ce que nous désirions la mort? Zub raconte dans un billet sa rencontre avec un Nuliarsak. C’est LA façon de s’en libérer. Il faut le dire à notre clan, se laisser entourer par notre clan, qui nous protégera.