Viviane des fées

Une reprise sans la photo je ne suis pas chez moi, mais je vais la mettre demain

Laissons tout de suite tomber la Viviane vierge donc martyr, c'est de la Viviane du Lac dont nous parlons. Cette dame que vous connaissez par la version Arthurienne est présente dans tous les cycles de légendes du Nord. C'est la gardienne des mots, celle qui enseigne. Et même si cela s'oppose totalement à l'idée chrétienne, pour inclure Viviane dans sa tradition, les catholiques ont dû admettre qu'il existe deux mondes: celui du Lac, des fées, du petit peuple, et des monstres et du pouvoir de concentrer les forces de la vie, et l'autre celui des saisons.

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LE LAC

Résumons l'histoire. Pour contrer l'arrivée des idées du Sud, Viviane donne à Arthur (qu'elle a éduqué) l'épée Excalibur pour qu'il protège le monde contre l'arrivée du dieu unique, de l'Espoir. Mais comme elle doute de sa fidélité, elle organise l'union d'Arthur avec sa soeur Morgane pour voir naitre Mordred qui sera tout aussi plein de l'Espoir de succéder à son père, et trahira Viviane. Vaincue, elle s'enfermera dans un cercle de non-temps avec son amant Merlin, pour noyer son chagrin dans le plaisir.

Si plutôt que de se fier aux hommes, Viviane avait ouvert les portes de la magie et armé le petit peuple des elfes, lutins, gobelins, trolls, korrigans et tant d'autres selon votre région du Nord, ils auraient repoussé au Sud le malheur, et permis aux forces de la vie de reprendre le contrôle du monde.

Parce que nous sommes au coeur de la contradiction. Au Sud, la Bible dit à la première page : « au début était le Verbe et le Verbe s'est fait chair. » Cela veut dire que les mots précèdent la réalité, et que ce n'est pas la vie mais les mots qui déterminent le sens ( la direction, le chemin, l'Espoir etc.). Pour le Nord, les mots naissent des forces de la vie, et s'ils sont dans le sens de la vie, ils auront un pouvoir: c'est la magie. C'est le geste de tous les jours qui est magique, celui qui produit la beauté et la signification de la vie. Il n'y a pas d'Art, nous nous efforçons de bien faire et de donner du sens à tout ce que nous faisons.


Récemment, il y a les Existentialistes qui ont tenté de dire la même réalité. Mais pris dans le piège des mots, ils sont incapables de voir les forces de la vie, et sombrent dans un « dés-espoir », dans le non-sens. Les mots ne sont plus premiers mais ils n'ont pas trouvé ce qui est premier.

Je ne suis pas Viviane. Je ne suis pas gardien de la porte. Je ne peux libérer ni Viviane ni les forces de la vie. Mais je peux dire la Beauté du Monde pour qu'ensemble nous quittions ce dieu-mot qui nous coupe de ce que nous sommes, en nous proposant un ailleurs meilleur.