Un ours à pattes fragiles

Marcher, marcher, marcher. C'est par les pieds qu'on découvre le monde.

Il semble bien que je sois fait pour marcher dans la neige. Ou dans la forêt, quand la Terre est vivante et élastique, on est si bien avec les doigts de pieds qui s'encrasse parfois d'un peu de boue, cette boue mélange de la Terre et de l'eau, comme moi mélange de la même Terre et de la même eau qui fait que toute vie est égale, toute vie est la même vie en continuité. Mais le béton des villes m'use sérieusement les pattes.

Ce n'est pas ma petite tournée de 4 ou 5 kilomètres en passant par le cimetière du Père Lachaise qui a pu faire une différence. Mais peut-être ma gourmandise du lendemain, c'est par la faim que les ours se perdent. Après un passage à la Promenade Plantée, je suis allé chercher une amie à la gare de Lyon tout près. Et puis j'ai eu le goût de l'eau et j'ai couru jusqu'au canal Saint-Martin. L'eau m'a rappelé la glace et la glace la meilleure ici est chez Berthillon sur l'Ile saint-Louis, ce n'est que deux petits kilomètres sauf quand on se trompe et qu'on fait un grand détour par l'ouest. Au total, cinq belles heures délicieuses sauf pour mes petits petons.

Pour protéger mes pattes j'avais mis des souliers à semelle de cordes. Mauvaise idée, après tous ces détours je sentais ces cordes enroulées autour de mes orteils. Alors quand hier, je me suis mis encore deux longues balades, et un spectacle debout... mes plantes de pieds se sont mises à crier très fort. Je me demande d'ailleurs pourquoi on appelle cela des plantes de pied. Drôle de plantes qui ne pousse pas, enfin qui parfois pousse sur le sol mais jamais dans le sol. Donc ce matin mes pauvres pattes sont toutes couvertes de cloques et j'ai eu beau faire des trous partout ça fait encore un peu mal quand je marche. Donc déplacement minimum aujourd'hui.

En passant un merci à Béa et Zizule pour le spectacle d'hier, c'était super-chouette. Merci à notre chère Trollette pour la belle balade à la recherche du chant des oiseaux merci à tous et toutes qui font que je suis très heureux même si j'ai mal au pied. Il me reste des bisous à transmettre de la réserve que m'avait confiée Dodinette, je n'en laisserai pas un seul inemployé.

Et je pense aux pieds de mon Père. Durant toute sa jeunesse, l'automne était la saison désastreuse où il devait remettre des bottes. Même en y mettant toutes les heures qu'il me reste, je ne comprendrai pas la moitié de ce que ses pieds lui ont enseigné. Je ne saurai pas tous les détours du chemin qui mène vers moi.