En cherchant des mots

Mes mots sont tellement insuffisants à décrire l'amour qu'elle m'a donné.

Une amie me demande de décrire le pays où je vis, Pohénégamouk, la vallée de la Belle Endormie. Je choisis les mots un par un, les aligne, et en change un trop faible, si bien que je dois recommencer. Je ne sais pas si je vais réussir, mais la tentative vaut la peine.

Ce n'est qu'une des vallées qui nourrit la Wolloustouk, la rivière scintillante, un grand fleuve, une voie de transports idéale parce que presque sans rapides, et seulement deux chutes en plus de 1000 kilomètres. Ce n'est qu'une des vallées, mais j'y suis né et c'est pour moi la mère.

Pachamama, la Terre-Mère, difficile maintenant de ne pas voir ce petit caillou qui tourne autour d'une étoile mineure dans une galaxie comme les autres. Non Pachamama, c'est ce que je connais par mes pieds, ou plutôt de la pointe du canot. Il m'est parfois, trop souvent, arrivé de quitter Pachamama parce que le rêve est toujours ailleurs, et j'y suis revenu, quand les rêves m'ont déçus.

La Terre-Mère est mère nourricière, oui les plantes, les poissons, la relation complexe de l'équilibre, mais c'est surtout la mère qui console, qui apporte la paix quand le rêve fou nous a troublés. Je viens peut-être d'une femme, mais c'est la Terre-Mère qui me fait, m'instruit, me donne la possibilité de sentir passer le courant de la Vie à travers moi.

Quand je suis loin d'Elle, je veux changer le monde si imparfait, je gueule, je crie. Près d'Elle, je dis merci, et le seul combat qui me semble avoir du sens c'est de la protéger, comme un fils doit protéger sa mère.

Maintenant, je veux suivre son exemple et apprendre à consoler. Je veux apporter la paix et le sourire à ceux qui m'entourent. Avoir un sourire, même un peu triste, mais le sourire qui éclaire la route juste devant les pas.