à la mémoire de Shanan-di-tith
vendredi 30 juillet 2010, 16:14 L'auberge Lien permanent
Voilà le dernier de la série. S'il n,y a pas de billet demain, c'est que je ne suis toujours pas là.
Espérant que ce texte vous inspire.
Il y a un prix à être humain. Il n'y a pas de naissance, d'argent, d'histoire ou de génétique, qui font de vous un humain. C'est un choix personnel, celui d'assumer sa responsabilité de vivant parmi tout ce qui vit. Et dans cette responsabilité, celle de célébrer ceux qui sont remarquablement humains, parce qu'ils indiquent la voie.
Cela s'appelle L'auberge de l'Ours qui danse, parce que, au moment des fêtes, l'Ours danse pour dire la Beauté du Monde. Pour tous vous dire, il y a souvent des fêtes à l'Auberge, il y a tellement de raison de fêter. Les oiseaux, les baleines, les ours, les humains, tous ont d'excellentes raisons de fêter, et il serait bien stupide d'en rater une seule.
Il faisait tellement beau ce jour-là, les oiseaux nous ont demandé de nous souvenir de la dernière des Béothuks. Elle était si belle, sa voix était si douce que les oiseaux aimaient se rassembler autour d'elle pour chanter eux-aussi la Beauté du Monde. Alors de génération en génération, il y a des oiseaux qui se racontent qu'une très belle voix s'est éteinte parce que quelqu'un a dit: cette beauté est à moi et à personne d'autre. Enfermer la beauté et elle mourra, les oiseaux le savent bien. Alors les oiseaux ont décidé que Sha-nan-dithit était des leurs. Ses mains dessinaient l'espace comme les ailes des hirondelles.
Alors le son des tambours, des grandes flutes à eau, de la flute de roseau, s'est fait entendre, les oiseaux se sont joints au chœur et ceux qui pouvaient bouger se sont mis à danser. Que j'aurais aimer savoir danser comme les Béothuks. Savoir où est l'équilibre, le tenir jusqu'au changement, dire par cette fausse immobilité que tout change à une échelle alors que rien ne change à une autre. Le temps n'existe pas seul le rythme compte.
Mais je ne suis qu'un ours du Nord, et le Nord change, le Monde change et le temps existe. Alors permettez que je danse comme un ours, lourd, marquant ce temps et ce monde pour qu'il se souvienne que la Beauté existe malgré lui, parce que l'objectif de la danse est de dépasser l'état de fatigue, pour atteindre l'Extase. Se rendre au bout de soi. S'annihiler, rejoindre le rythme même de la Terre pour qu'on en sente la globalité.
Le temps n'existe pas, les Béothuks sont encore avec nous. Je dis que je les porte en moi et que cela me permet de vivre. Parce que la vie est une, c'est ce qu'ils répètent malgré le temps.
Commentaires
Vraiment très beaux ces 3 textes. Mais personne n'est là tu le vois bien. Toi même tu es loin. J'ai l'impression d 'être seule sur la toile ces jours-ci. J'espère que tu publieras à nouveau ces textes quand tes amis bloggeurs seront de retour et là, je suis sûre que tu auras des commentaires.
Est-ce que les béothuks faisaient des canaux en écorce de bouleaux comme vous z'autres ? Ou bien avaient-ils une autre technique ?
"Se rendre au bout de soi". Tu as ensoleillé ma journée!
Aurélie--) C'est la responsabilité de l'Anish Nabé... le vrai humain. Au bout de soi dans la collaboration, le partage, l'amour, au bout de soi, parce que ce n,est pas pour soi mais pour ceux qui nous entourent que nous vivons.
Tanakia--) la technique des béothuks étaient plus proche des canots Innus parce que leurs rivières ressemblent aux rivières des Innus. Mais ils connaissaient aussi les kajaq et plus rare les Longboat des Vikings, bien que ce soit plus difficile d'en faire la preuve archéologique... il y a cependant des trace de ce que j'affirme dans la Baie Rouge (un havre exceptionnel) à une centaine de KM à l,est de Blanc-sablon ( c'est très très loin ).
constance--) merci de l,encouragement, c,est moche de ne pas avoir de lecteurs... mais ils ont bien le droit de prendre des vacances.