Moukmouk de Pohenegamouk

Le mois de mai, c’était le temps des grenouilles… Elles chantaient tellement fort que ma maman fermait la fenêtre de ma chambre pour que puisse dormir. Mais moi, j’aimais beaucoup les entendre et j’allais rouvrir ma fenêtre et je tentais de le reconnaître à leurs façon de chanter. Il y avait le roucoulement du crapaud d’Amérique, le rouon du Ouaouaron le braiment court de la grenouille des bois. C’est difficile de faire la différence entre la grenouille léopard et la grenouille des marais, mais le teeeuuu de la grenouille verte c’est très facile d’autant plus qu’on peut la sentir d’assez loin dans la période des amours, après il y a les reinettes…

Non on ne les entend plus, il y en a peut-être encore, mais je ne sais pas où…

Il y avait aussi les hirondelles… il y en avait six espèces qui tournoyaient dans le ciel. Surtout des hirondelles des rivages faciles à reconnaître parce qu’elles sont brunes, et les hirondelles noires très sociables et qui vivent en grandes colonies de plusieurs centaines… Et puis les très snobs hirondelles bicolores qui préfèrent parler aux humains qu’aux autres hirondelles.

Non, il n’en vient plus… il n’y en a plus…

Il y avait le marais où fleurissait la sarracénie pourpre et la sarracénie boréale des petites fleurs magnifiques, mais carnivores… elles avaient de quoi se nourrir, il y a tant de moustiques dans ce marais… mais ils ont asséché le marais pour agrandir le parcours de golf. Alors il n’y a plus de moustiques, ni de fleurs ni d’oiseaux.

J’ai prétexté avoir besoin d’aller faire une sieste pour ne plus répondre à ses questions. Je n’ai pas voulu répondre à la question : est-ce que je vais avoir des petits enfants…