Presqu’un mois

Me voilà de retour à l’Auberge de l’Ours qui danse.

Enfin de retour en forêt. Un mois de silence, parce que parler aurait été trop lourd. J’étais trop triste de me retrouver encore entravé par les décisions des médecins. Ils ont cherché, enlevé des plaques d’athérome changé encore une fois la médication. Ils cherchaient la cause…

 

J’ai déjà tenté t’expliquer que le cheminement causal ne pouvait dire la forêt, la complexité des liens qui unissent ceux qui y et en vivent… Pour y arriver, il faut une pensée systémique. Le cheminement causal est historique alors que la pensée systémique est géographique. Alors je ne suis pas surpris que les médecins n’aient pas trouvé la cause, de causes… On dit alors que c’est probablement génétique. Ce qui revient à dire que tu fais partie du grand ensemble des vivants… Oui je le savais.

 

Enfin du retour en forêt. Dur, la chaleur, être loin que ce qui est familier, mais surtout ne plus être maître de soi, de laisser à d’autres l’organisation de l’horaire, de presque tous les gestes. Dur surtout de ne pas savoir, d’espérer LA réponse que pourtant je sais qu’elle n’existe pas.

 

Oui, je sais, c’est quand même mieux que sans. Comme dit une amie, il y a trente ans passés… Nous n’aurions pas survécu. Alors c’est mieux, je peux me plaindre de la classe très bruyante de maman Corneille à ses enfants, des écureuils voleurs de tomates, des méchants chats qui mangent les oiseaux, de la mouffette et de l’eau trop chaude pour pêcher. Et puis l’eau trop chaude, ce n’est pas très important : j’aime pêcher, cela ne veut pas dire que j’aime attraper du poisson. J’aime l’idée qu’éventuellement avec cette petite mouche et ce fil trop mince, je pourrais réussir à attraper un énorme saumon. Oui je sais, c’est lui qui m’attrape.

 

Je suis de retour avec mes petites histoires de la vie de la forêt. Celle que j’aime et que j’espère vous faire aimer. Les histoires de la ville, je ne les aime pas. Et ici au moins je peux vivre comme je suis, à poil sans avoir besoin de me déguiser en humain.