La Débâcle

Ce sera la débâcle de la Wolloustouk dimanche. J’ espère qu’il n’y aura pas trop de dégâts.

Il y a encore plus d’un mètre de neige en forêt, et on prévoit 10 centimètres de pluie en fin de semaine. C’est sa géographie particulière qui fait de cette rivière une excellente voie de transport pour le commerce, pour transporter les marchandises entre la baie de Fundy et le fleuve Saint-Laurent. Une immense plaine qui se relève soudain. Il n’y a que deux chutes pour expliquer l’essentiel du dénivelé entre les lacs des hauts plateaux et la mer.

 

À la fonde, l’eau s’accumule sous la glace qui se soulève, et tout à coup elle passe par dessus les seuils des chutes et une furie monstrueuse d’eau fonce vers la plaine. La rivière qui en été se contente de faire 100 à 150 mètres de large, peut atteindre plus d’un kilomètre certaines années. C’est la débâcle.

 

La glace casse en bouscueils, des blocs de plus ou moins un mètre carré sur autour de 60 cm, épaisseur de la glace un hiver normal, qui fuit à vitesse folle vers la mer tout là-bas. Mais les hommes ont construit des ponts, des quais et des digues sur la rivière. Alors parfois les bouscueils restent coincés, forment barrage. D’autres blocs arrivent du nord, et ça monte de plus en plus. Parfois la rivière inonde jusqu’à 5 kilomètres dans la plaine.

 

Cette année, nous avons eu des chutes records de neige. Une énorme dépression monte du sud avec 10 centimètres de pluie et des températures autour des 10 degrés. Sur toutes les rivières du sud du Québec on se prépare à des inondations, mais ce que nous pourrions voir sur la Wolloustouk est pire qu’ailleurs. J’espère seulement qu’il n’y aura pas de morts.