Difficile de parler d'autre chose

Les Montréalais sont bien connus pour parler météo et généralement pour s’en plaindre. Pourtant, il s’agit d’attendre quelques heures et il fera le temps que vous désirez, tant que c’est à peu près « de saison » bien sûr. Mais aujourd’hui tout le monde est heureux, l’hiver est là.

J’avais à me déplacer beaucoup ce matin, et je n’ai vu que de grands sourires, des gens qui se saluent, et qui malgré le froid, ralentissent un peu le pas pour vraiment en profiter, comme si c’était la dernière. Je sais bien mettez en 6 comme ça, bout à bout, et tout le monde râlera. Cependant quand les gens sont heureux il faut en profiter, joindre la chorale et dire que l’air est bon, le soleil magnifique et que l’hiver est fantastique.

Tout cela parce que ce matin, il y avait un petit –25 et au somment de la montagne, avec le facteur vent, ça devait bien équivaloir un –35, -40. Il y a ce vrai soleil du Nord, petit intense en lumière, et qui fait briller la neige comme si c’était la première du monde. L’air est si dense que le son de la ville ne voyage plus de la même façon. La neige fait des « cracs » sous le pas comme si on déchirait rapidement un carton épais.

Quand, je me demande ce que je fous en ville, je n’accuse pas les gens de la ville de quoi que ce soit. C’est moi, le problème, je suis de la forêt, la ville ne me va pas, il serait ridicule de demander à la ville d’être une forêt pour me plaire. Montréal n’est pas une très belle ville, mais elle est très humaine, ouverte, vivante et heureuse. On me dit que c’est ici qu’est le plus haut taux d’homosexualité féminine. Je pense que c’est simplement parce qu’ici on peut vivre, se vivre, comme on est, ouvertement et sans se faire juger sinon que par quelques grincheux tellement minoritaires que plus personne n’en tient compte.

Le froid a aussi ses désavantages, les vieilles dames qui ne peuvent sortir parce que les trottoirs sont vraiment trop glissants, les rues avec encore moins de stationnements que d’habitude, les coûts de chauffage et les sans-abri qui parfois meurent de froid refusant les refuges.

Ça me rappelle la Martinique. Des petits bateaux font la navette entre l’Anse Mitan et Fort-de-France. Le matin, les belles fonctionnaires déguisées pour la journée de boulot traversent la baie pour aller travailler. Mais la journée sera longue et chaude aussi, alors elles portent des parfums tellement lourds que la tête me tourne dans la cabine, et que je dois sortir sur le pont pour ne pas m’évanouir.

Quand il fait froid sur Montréal, les gens s’habillent pour la circonstance. Personne ne pense ou ne peut abaisser la température du métro pour faire face aux circonstances. Inutile de vous dire que rapidement, cela sent les masses laborieuses, et plus du chien mouillé et de l’ail mal digéré.

Un billet simplement pour dire que j’aime Montréal. Je veux partir parce que je n’y suis pas chez moi. Mais si on me condamne à une ville, ce sera celle-là.